Depuis son éviction inattendue de son poste, le 8 janvier dernier, dans le sillage d’une banale affaire concernant la découverte, le 28 décembre 2023, à l’aéroport d’Orly, en France, d’un Algérien caché dans le train d’atterrissage d’un avion d’Air Algérie, en provenance d’Oran, l’ex-directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), Farid Zinedine Bencheikh, n’a pas fini de faire parler de lui.
Samedi dernier, il a été déféré devant le tribunal militaire de Blida pour être entendu, jusque tard dans la nuit, par le juge d’instruction, avant d’être placé en détention sur de présumés faits liés à ses «connexions» avec des cyberactivistes à l’étranger, «un ancien ambassadeur» de France à Alger et «un officier» au sein de la représentation diplomatique française.
Ses déboires ont commencé avec sa mise sous enquête par le tribunal militaire au mois d’avril dernier. Après des rumeurs persistantes sur son arrestation qui se sont avérées fausses, l’information de sa convocation par le tribunal militaire s’est vite répandue sur la Toile. Il a été déféré devant le juge d’instruction pour être entendu, selon nos sources, sur de présumées «connexions» avec des cyberactivistes algériens installés à l’étranger, qu’il aurait utilisés pour «porter atteinte» aux institutions de l’Armée et de la Présidence à travers «des attaques coordonnées» contre leurs «responsables» et leurs «cadres». Farid Zinedine Bencheikh faisait partie d’une longue liste de personnes concernées par l’ouverture d’une enquête confiée aux officiers de la Direction centrale de la sécurité de l’armée (DCSA).
Cette affaire a eu pour point de départ le vol de l’iPhone de l’ancien journaliste établi à Londres Said Bensdira, lors de son passage à Paris, et qui s’est retrouvé sur le bureau de l’ex-DGSN, lequel a fait appel à des techniciens pour prendre possession des informations contenues dans la mémoire de l’appareil et qui concerneraient de hauts responsables de la Présidence, de l’Armée et d’un pseudo-complot contre le Président.
Enquête complémentaire
Certaines «informations» auraient été «refilées», dit-on, à des cyberactivistes installés à l’étranger, comme Amir DZ, ou encore à l’ancien officier des services Aboud Hichem, pour attaquer les institutions suscitées.
D’autres informations ont fait l’objet de rapports adressés au chef de l’Etat confortant la thèse du complot contre sa personne qui avait suscité, durant l’été 2023, une enquête qui a eu de la peine à aboutir. C’est à partir de l’affaire de la découverte du jeune clandestin algérien, le 28 décembre 2023, à l’aéroport d’Orly à Paris, dans le train d’atterrissage d’un avion d’Air Algérie, en provenance d’Oran, le limogeage de Farid Zinedine Bencheikh de son poste pour que les investigations, confiée aux officiers de la DCSA, ont pris leur vitesse de croisière. Elles se sont soldées par des interpellations dans le milieu des cyberactivistes en Algérie, mais aussi parmi certains proches collaborateurs de l’ex-DGSN, dont son directeur de communication.
De nombreuses personnes ont été inculpées et placées en détention, durant les mois d’avril et de mai derniers, par le tribunal militaire de Blida, alors que Farid Bencheikh a été convoqué et entendu durant des heures, avant d’être placé sous contrôle judiciaire.
Le juge demande alors aux officiers de la DCSA une enquête complémentaire, sur ce que les plus avertis présentent comme étant une «opération de déstabilisation» des institutions de l’Etat, à travers «des attaques simultanées et croisées, dirigées contre les plus hauts responsables des services et leurs subordonnés par le biais de relais médias électroniques en Algérie et à l’étranger».
Depuis, indique-t-on, Farid Zinedine Bencheikh n’a pas quitté Alger, étant soumis à une interdiction de sortie du territoire national (ISTN). Alors que l’enquête se poursuivait, de nouveaux éléments auraient apparu, enfonçant davantage l’ancien responsable de la police, inculpé non seulement pour «abus de fonction», «trafic d’influence», «atteinte aux institutions de l’Etat», mais aussi pour ses présumés «connexions avec un ancien ambassadeur de France à Alger et un des chefs d’antenne de la chancellerie».
L’affaire risque d’aller loin, pour l’ex-DGSN, le 2e responsable de la police à avoir été poursuivi, après Abdelghani Hamel ; à la différence que Bencheikh a été déféré devant le tribunal militaire pour des accusations de loin plus graves que celles retenues contre Hamel, et pour lesquelles il a été condamné par un tribunal civil.