Dépositaire d’un patrimoine cinématographique hors du commun vieux d’un demi-siècle, la Cinémathèque algérienne est l’une des plus importantes archives filmiques de l’Afrique et dans le monde arabe, avec une collection de plus 60 000 copies de films conservés et documents cinématographiques, témoins de grands événements historiques du pays. Fondée le 23 janvier 1965, au lendemain du recouvrement de l’indépendance, dont l’Algérie célèbre cette année le 60e anniversaire, la cinémathèque ouvre ses portes et présente ses premiers films dans les locaux d’un ancien cinéclub, en plein centre d’Alger, au 26 rue Larbi Ben M’hidi. Pionnière en Afrique et dans le monde arabe, la cinémathèque était un lieu de rencontre de grands cinéastes algériens et étrangers, et une école de cinéma qui a contribué à la formation de cinéphiles et amateurs devenus professionnels du 7e art. De grands noms du cinéma, à l’image de Youssef Chahine, Nicholas Ray, Joseph Losey, Luchino Visconti, Costa-Gavras ou encore Jean-Luc Godard, s’y sont succédé pour présenter leurs dernières œuvres et échanger avec le public. Sous l’impulsion de cinéphiles et de professionnels du 7e art, à l’instar d’Ahmed Hocine, cinéaste et militant qui deviendra son premier directeur, la Cinémathèque algérienne voit le jour et commence à obtenir des prêts de nombreuses copies de longs métrages présentés au public.
Destination prisée des réalisateurs et acteurs de renommée internationale, figures historiques ou encore des militants anticolonialistes, la Cinémathèque a accueilli dans les années 1970-1980, sous la direction de Boudjemaa Karèche, de grands noms comme Gilio Pontecorvo, Etore Scola ou encore Volker Schoendoerffer. Pendant la violence terroriste des années 1990, cette salle s’était érigée comme «l’un des bastions culturels qui avaient intensifié leurs activités pour faire face à l’extrémisme», comme en témoignent de nombreux cinéastes et observateurs. Considérée comme l’un des lieux les plus fréquentés de la capitale, cette structure avait établi un trait d’union entre professionnels du cinéma et cinéphiles qui ont pu se maintenir à la page du cinéma de l’époque. La Cinémathèque avait également accompagné les premières réalisations du 7e art algérien et les grands événements culturels de l’Algérie indépendante, et suscité de nombreuses vocations dans le cinéma.
Conserver et restaurer les collections
Devenue Centre algérien du cinéma (CAC) pour élargir son réseau à 11 autres salles du répertoire, pour remplir sa mission de diffusion de la culture par le cinéma, la Cinémathèque se charge de recueillir, conserver et restaurer ses collections et de mettre en valeur un patrimoine cinématographique d’importance historique. Ses fonds réunissent longs et courts métrages, documentaires, photographies, périodiques, affiches et objets et matériels cinématographiques. Elle est également dotée d’une bibliothèque accessible aux étudiants et chercheurs qui peuvent avoir accès à une documentation et ouvrages sur le cinéma algérien. «La Cinémathèque algérienne recueille, conserve et préserve tous les films et productions notamment ceux en lien avec l’histoire de l’Algérie et les premières années de son indépendance», a rappelé son directeur, Adel Makhalfia. Dans l’objectif de préserver cet héritage filmique, des spécialistes et experts de la restauration ont été associés à un projet de restauration et de numérisation, a souligné le même responsable. Le CAC devrait entamer prochainement une opération de restauration et de numérisation d’oeuvres qui constituent une valeur mémorielle et identitaire, annonce Adel Makhalfia. Le personnel du CAC avait également bénéficié en 2016 d’une formation approfondie en matière de gestion des archives filmiques, de restauration et de numérisation des copies au format 35 mm dans le cadre du programme d’appui au patrimoine algérien réalisé en collaboration avec la délégation de l’Union européenne en Algérie. Le Centre algérien de la cinématographie gère 11 salles de répertoire opérationnelles, notamment à Annaba, Béjaïa, Sidi Bel Abbès, Tizi Ouzou et Oran, en plus de la Cinémathèque d’Alger.