CIJ : les petites îles pimentent des audiences sur le climat

14/12/2024 mis à jour: 08:51
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Moteur des audiences sur le changement climatique à la Cour internationale de justice (CIJ), des jeunes originaires de petits Etats insulaires ont apporté des témoignages poignants pour alerter sur «l’avenir de notre planète». 

Nombre d’entre eux ont présenté la toute première demande de leur pays devant la CIJ et n’ont pas mâché leurs mots dans la grande salle de justice, habituellement le théâtre d’échanges d’arguments juridiques solennels de la part d’austères avocats en robe et en perruque. «L’issue de cette procédure se répercutera sur plusieurs générations, déterminant le sort de nations comme la mienne et l’avenir de notre planète», a déclaré Ralph Regenvanu, le représentant du Vanuatu, à l’ouverture des audiences. «Il pourrait bien s’agir de l’affaire la plus importante de l’histoire de l’humanité. Ne laissons pas les générations futures regarder en arrière et se demander pourquoi la cause de leur perte a été tolérée», a-t-il ajouté. 


Plusieurs orateurs portaient des tenues nationales colorées, ainsi que des colliers et des coiffes traditionnels, contrastant nettement avec les costumes sobres qui sillonnent habituellement les couloirs du Palais de la paix. En montrant aux juges des images fortes de dévastation, beaucoup ont décrit la lutte contre les pires ravages du changement climatique comme une lutte existentielle pour leur survie. Les habitant de Sainte-Lucie «font la course contre la montre à chaque début de saison cyclonique, qui provoque une dévastation cataclysmique», a lancé le représentant de cette île caribéenne, Jan Yves Remy. «Nos pêcheurs se plaignent déjà de la diminution de leurs prises. Nombre de nos plages vierges, dont celle où mon père a grandi, ont été remplacées par des roches stériles», a-t-il poursuivi.

Une source d’inspiration 

Les nations insulaires les plus vulnérables ont reproché aux pays riches et pollueurs de ne pas fournir suffisamment de fonds pour atténuer les effets du changement climatique. «A un moment où les mers montent plus vite que prévu, ces Etats doivent s’arrêter. Cette Cour ne doit pas leur permettre de condamner nos terres et nos peuples à (être) des tombes aquatiques», a tonné John Silk, des Iles Marshall. Le minuscule Etat insulaire de Vanuatu est à l’origine de l’initiative visant à porter l’affaire devant la CIJ et a rassemblé un groupe de pays pour pousser les Nations unies à demander l’avis de leur plus haute juridiction. 
 

L’initiative a débuté dans une salle de classe de l’Université du Pacifique Sud en 2019. Environ 27 étudiants en droit ont écrit aux dirigeants du Pacifique pour leur demander de prendre part à la campagne. Le Vanuatu a répondu à l’appel. Cinq ans plus tard, l’un de ces étudiants, Vishal Prasad, originaire des Fidji, s’est dressé sur les marches du Palais de la paix et a déclaré aux journalistes qu’il s’agissait de l’aboutissement d’une idée qui semblait «ambitieuse, folle, bizarre et insurmontable». Interrogé sur ce qu’il dirait à ses camarades de classe, cet homme de 28 ans a répondu : «Nous avons fait ce que nous avions prévu de faire. Nous avons porté le plus grand problème du monde devant la plus haute juridiction du monde.» «Cette histoire est une source d’inspiration pour tout le monde, en particulier pour les jeunes qui ne trouvent peut-être pas d’espoir dans ce qui se passe autour d’eux», a dit M. Prasad. 
 

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