Au lendemain du dépôt du préavis de grève pour le 20 février courant par le collectif des praticiens de chirurgie générale, service de chirurgie générale et digestive de l’hôpital Ibn Rochd, relevant du CHU de Annaba, au moins deux autres services ont engagé une action similaire pour la même date, soit demain dimanche.
Selon des sources hospitalières, il s’agit des services de la médecine légale et de la neurochirurgie. Les médecins du premier service réclament en substance des équipements nécessaires pour des conditions de travail décentes. Ils ont réagi au lendemain de la publication sur les réseaux sociaux d’une vidéo scandaleuse dont le contenu montre de l’intérieur l’état catastrophique de la morgue du service de la médecine légale lors de la récupération de la dépouille d’un élu APW, décédé des suites d’un accident de la circulation.
Les seconds, quant à eux, dénoncent «un laisser-aller flagrant», aggravé par le manque des commodités, permettant au chef de service et ses médecins de prendre en charge leurs malades. «Lorsque l’on appelle un médecin pour intervenir en urgence sur un malade et qu'il ne trouve pas où stationner au niveau de l’hôpital, cela n’est pas admissible. Lorsque l’on ne dispose pas de femmes de ménage pour rendre propre le service où on soigne les patients, cela n’est pas acceptable. Lorsqu’un professeur parle de ces problèmes au lieu d’inculquer à ses étudiants les dernières avancées de la médecine et les protocoles de la prise en charge, cela n’est pas normal…», regrette l’un des professeurs concernés.
Bloc opératoire non fonctionnel
Cette situation a été confirmée, au début de la semaine, par une visite des présidents de l’APW de Annaba et de la commission de santé. Sur place, ils ont été reçus par le collectif des chirurgiens du service de chirurgie générale et digestive ainsi que celui de la chirurgie vasculaire de l’hôpital Ibn Rochd. Ils ont constaté de visu les insuffisances citées dans le préavis de grève des médecins.
Pour mémoire, dans ce préavis adressé, entre autres, au directeur général, ils ont dénoncé : «Les conditions déplorables de l’exercice de notre fonction, notamment du point de vue logistique. Le bloc opératoire n’est plus fonctionnel depuis plusieurs mois (…). Désemparés, déçus face à la négligence de nos soucis de la part de votre administration et maintenant en colère, car nous ne pouvons accepter cette situation, l'équipe de chirurgie sera en grève à partir du 20 février 2022 jusqu'à la réhabilitation sérieuse du bloc opératoire, sachant que depuis quatre mois, une seule salle opératoire est fonctionnelle sur les quatre disponibles.» Pour tempérer la colère générale, l’administration a promis une rapide prise en charge.
Outre une opération de badigeonnage, d’autres travaux sont aussi programmés, avons-nous appris par les publications du CHU Annaba. Mais qu'en est-il des blocs, dont un seul sur quatre est fonctionnel ? «Les scialytiques plafonniers sont détériorés, en mauvais état, diffusant une lumière faible non adaptée au bon déroulement des interventions chirurgicales. Les tables d'opération sont vétustes, certaines très endommagées, n'assurant aucune position.
Les appareils d'anesthésie, de fonction très ancienne et depuis très longtemps amortis, datent de presque plus de 20 ans, selon l'expertise de nos confrères réanimateurs. Le seul respirateur actuellement en fonction tombe régulièrement en panne, parfois au moment de l'intervention chirurgicale, mettant en danger la sécurité du malade», énumèrent les médecins de la chirurgie générale.