Chréa (Blida) : Le centre de vieillesse mal exploité

27/08/2024 mis à jour: 03:59
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L’ancien centre des enfants insuffisants respiratoire de Chréa - Photo : D. R.

Les autorités de l’époque auraient dû développer l’établissement en question et sauvegarder sa vocation, soit un sanatorium/école pour les enfants scolarisés et souffrant d’asthme et de problèmes respiratoires.

Transformé en maison de vieillesse depuis 2019 baptisé Errahma, l’ancien centre des enfants insuffisants respiratoires de Chréa fonctionne au ralenti. Ses occupants, la plupart des SDF, sont peu nombreux, une vingtaine au maximum pour un nombre de lits avoisinant les 200.

Un gâchis ! D’autant que plusieurs personnes, âgées sans domicile refusent d’occuper les lieux en tant que pensionnaires. En plus, le manque de sociabilité caractérisant la montagne de Chréa, très peu peuplé d’ailleurs, le froid qui y règne l’hiver ne sont guère recommandés pour cette catégorie de gens.

Une structure pareille mérite mieux, regrette-t-on. «Les hautes autorités de l’époque auraient dû développer l’établissement en question et sauvegarder sa vocation, soit un sanatorium/ école pour les enfants scolarisés et souffrant d’asthme et de problèmes respiratoires.»

En 2019, des voix se sont élevées pour dire non à la reconversion et qu’il était surtout pas question que le sanatorium de Chréa, relevant du médico-pédagogique, soit transformé en maison de vieillesse. Quatre ans après, il ne fonctionne toujours pas avec efficience, pour cause de rareté de pensionnaires.

A l’époque, la décision a été prise à la légère. Voyant que le nombre d’enfants curistes étaient en baisse, la ministre de la Solidarité avait décidé de le reconvertir après une trentaine d’années d’existence au lieu de le promouvoir auprès des parents ayant des enfants asthmatiques, de le moderniser, de coordonner avec le ministère de l’Education nationale pour orienter les élèves atteints d’insuffisance respiratoire vers ce centre, sa tutelle n’a pas trouvé mieux que de lui changer de vocation !

Les parents d’élèves qui se sont battus pour que leurs enfants malades y restent ont été contraints de les orienter vers des établissements classiques des villes, là où l’environnement ne convient pas à leur état de santé.

Changement de vocation

Mais il faut dire qu’il a été «volontairement» abandonné et manquait d’équipement et de personnel comme les auxiliaires de vie et les psychologues. Les services de la wilaya de Blida avaient programmé la réalisation d’une salle de balnéothérapie, la réhabilitation, la réfection ainsi que l’équipement de cet établissement. Mais ces projets sont restés sans suite !

Situé à plus de 1500 mètres d’altitude et entouré de cèdres, son emplacement est recommandé pour les maladies respiratoires et autres liées à plusieurs types d’allergies. «C’est honteux ! Le site montagneux de Chréa convient idéalement pour les enfants asthmatiques grâce à son air pur, pas pour les vieux qui vont grelotter de froid. Il fallait voir ailleurs…», s’était indignée une citoyenne mère d’un enfant asthmatique.

En 2019, cette reconversion avait suscité polémique et indignation sur les réseaux sociaux. Une maman dont la fille a souffert de l’asthme durant son enfance avait témoigné sur les réseaux sociaux : «Ma fille a passé deux ans au niveau du sanatorium de Chréa il y a de cela une trentaine d’années ; elle était asthmatique au stade 3. On a passé des nuits et des nuits dans les hôpitaux, en vain.

L’amélioration de son état de santé n’a commencé que lorsqu’elle a été inscrite dans l’établissement des insuffisants respiratoires. Je me rappelle que le jour où ma fille et ses camarades avaient bénéficié d’un séjour aux Alpes, les médecins français semblaient stupéfaits du résultat de la longue cure à Chréa tellement qu’ils se portaient bien.

Et maintenant, il y a des imbéciles qui veulent le détourner de sa vocation au lieu de le développer afin de faire profiter les enfants malades d’une bonne cure, conciliant entre suivi médical et scolaire». Un autre Blidéen n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour fustiger les élus locaux de Blida, lesquels ont fait preuve de «passivité» et de «complicité».

«Le changement de vocation d’un centre qui a rendu de multiples services de santé aux enfants asthmatique depuis sa création, et ce vu le climat favorable à leur guérison après une ou deux années de scolarisation sur place, c’est de l’ingratitude et surtout de la mauvaise planification.

L’histoire retiendra une image très sombre envers tous les élus de toutes les instances de la wilaya de Blida qui n’ont pas défendu la cause de nos enfants.»Autre chose remarquable à l’époque, aucun hommage n’a été rendu aux médecins et à tout le personnel du sanatorium de Chréa, qui exerçaient durant les années 1990, une période où l’insécurité battait son plein dans cette montagne.

La seule préoccupation de la ministre à l’époque semblait juste la reconversion. «On décide comme ça et on veut même effacer de la mémoire ceux et celles qui se sont consacrés à la prise en charge des enfants malades au détriment de leur vie. Quelle ingratitude ! Détruire ce qu’il y a de bon c’est leur spécialité.

Vous voulez protéger une population c’est bien, mais surtout pas au détriment d’une autre», s’indigne-t-on. Construit par l’argent public à la fin des années 1980, l’établissement en question se sert pas donc à grand chose.

Un ancien élu de Chréa propose son retour à sa vocation initiale, soit un centre médico-pédagogique dédié aux enfants asthmatiques et insuffisants respiratoires ou bien le reconvertir en établissement dédié aux sportifs d’élite.«L’ établissement est grand et en bon état, je pense qu’il mérite qu’il soit occupé par les sportifs lors de leurs entraînements en montagne. Tout s’y prête, l’altitude, l’existence de près de 200 lits...

Il lui reste juste quelques aménagements, comme la construction d’une piscine par exemple. Pour cela, j’interpelle le ministère des Sport à se pencher sur cette proposition, et ce au lieu d’envoyer nos sportifs et athlètes à l’étranger, et à coup de devise, pour les besoins de leurs entraînements, il serait plus intéressant d’exploiter une structure déjà existante, mais très mal exploitée», insiste notre interlocuteur.             

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