Footballeurs et dirigeants du MSC (Mouloudia sportif cherchellois) sont tous tombés au champ d’honneur, entre 1956 et 1960. Fait rare dans l’histoire d’un club sportif. Les Chouhada du MSC oubliés, sont évoqués rarement. Les responsables locaux de l’ONM (Organisation nationale des moudjahidine) ignorent totalement l’authentique histoire de ces jeunes Algériens qui se sont sacrifiés pour l’Indépendance de leur pays.
Aucun travail de recherches sérieux sur le passé historique du club du MSC n’a été entrepris par les «gardiens» du temple, hormis quelques rares tentatives effectuées à travers des manifestations organisées par des journalistes. Les martyrs du MSC méritent une attention particulière, notamment en ce qui concerne l’écriture de l’histoire sur la participation et le rôle joué par les sportifs de l’époque dans le combat pour l’indépendance. Presque six (6) décennies après l’Indépendance du pays, c’est le silence envers ces sportifs.
Le véritable président du MSC, Belkacem Alioui, un militant du MTLD, meneur d’hommes et respecté par la jeunesse avide de liberté, avait décidé de rompre subitement avec les pratiques et la politique des «vieux» dirigeants du club. Les jeunes avaient adhéré à sa vision. Il était le propriétaire d’un café, qui avait servi de lieu discret de réunions des militants et de sensibilisation des jeunes.
«Je trouve que les initiatives qui devaient être prises sur l’écriture du parcours du MSC avant 1962 constitueraient un bon premier pas pour l’écriture de l’Histoire du sport en général de notre chère patrie», nous a déclaré un jour le défunt militant et ex-officier de l’ALN, Ghebalou Hamimed, après la projection d’un documentaire qui, selon lui, n’a pas relaté tous les faits.
«Ce documentaire devait constituer un document précieux pour que notre jeunesse puisse s’imprégner de l’esprit patriotique de leurs aînés durant la guerre de libération nationale», conclut-il. Abderrahmane Benhamouda, ancien joueur et dirigeant du MSC regrette, pour sa part, ce passé oublié du club, où très peu d’écrits lui ont été consacrés. Les footballeurs et dirigeants martyrs du MSC avaient assumé divers postes de responsabilités au niveau des maquis des différentes zones de la Wilaya IV, avant qu’ils ne tombent au champ d’honneur.
Certains avaient abandonné leurs familles et d’autres n’avaient même pas averti leurs parents. Ils sont tous partis pour rejoindre les rangs de l’ALN. Bouchema Lakhdar (29 ans), Younès Abdelkader (25 ans), Zegrar Abdelkader (30 ans), Benmokadem Tayeb (29 ans), Bendifallah Ali (28 ans), Bendifallah Mahieddine (33 ans), Roumani Tayeb (29 ans), Rebzani Yahia (21 ans), Djemaï Mohamed (26 ans), Bouamrani Mohamed (31 ans), Noufi Ahmed (25 ans), Youcef Khodja Abderrahmane (25 ans) Alioui Belkacem (30 ans), Fendjel Mohamed (21 ans), Sâadoun Noureddine (17 ans).
La mise en valeur de ces footballeurs oubliés, le rôle joué au sein de leur association sportive et les liens qu’entretenait le club du MSC avec les autres clubs sportifs musulmans sont autant de sujets qui peuvent être judicieusement exploités. Le match de football n’était en réalité qu’un prétexte pour se rencontrer et organiser des réunions de ces sportifs, à l’insu des forces coloniales.
D’autres villes algériennes avaient enregistré le départ des sportifs vers les maquis, mais il n’en demeure pas moins que Cherchell demeure l’unique ville dans l’Histoire de l’Algérie ayant sacrifié toute l’équipe de football pour l’Indépendance du pays. Il s’agit de l’équipe du MSC.