Un escroc en Chine a utilisé l’intelligence artificielle pour modifier son apparence et se faire passer pour l’ami d’un homme d’affaires à qui il a soutiré plus d’un demi-million d’euros, ont indiqué les autorités.
La victime, dont seul le nom de famille a été donné, M. Guo, dit avoir reçu en avril un appel vidéo d’une personne dont le visage et la voix ressemblaient à s’y méprendre à celle d’un proche. Mais la personne en face était en fait un escroc «utilisant une technologie d’intelligence artificielle pour modifier son visage», selon un article publié lundi par un média lié aux autorités de Fuzhou (est).
Comme prétexte, l’escroc a assuré qu’un autre ami avait un besoin urgent d’argent pour payer le dépôt de garantie d’un appel d’offres. Il a ainsi réussi à convaincre M. Guo de transférer 4,3 millions de yuans (570 000 euros) depuis le compte bancaire de son entreprise. «Pendant l’appel vidéo, j’étais persuadé d’avoir reconnu le visage et la voix de la personne qui m’appelait, donc je ne me suis pas méfié», a déclaré l’homme d’affaires, cité dans l’article. Le virement effectué, M. Guo a envoyé un message à l’ami dont l’identité avait été usurpée.
Devant la réaction d’incompréhension de son ami, qui n’était évidemment pas au courant de la transaction, l’homme d’affaires a compris son erreur et a contacté la police. Cette dernière a ordonné à la banque de ne pas effectuer le virement et M. Guo a pu récupérer 3,4 millions de yuans (450 000 euros), selon l’article. Les auteurs de l’escroquerie n’ont pas été identifiés.
L’utilisation de l’intelligence artificielle, parfois à des fins malveillantes, fait l’objet d’une attention accrue dans le monde, notamment depuis que la société américaine OpenAI a lancé en novembre ChatGPT, un robot conversationnel pouvant imiter la voix humaine. L’interface n’est pas accessible en Chine. Mais ChatGPT fait l’objet d’innombrables discussions sur les réseaux sociaux et les géants chinois de la tech rivalisent d’efforts pour concevoir des outils équivalents.
Le pays a durci en janvier l’encadrement de l’hypertrucage («deepfake»), ces manipulations numériques des images de plus en plus réalistes et qui présentent un défi en matière de lutte contre la désinformation. Les autorités vont également imposer une «inspection de sécurité» aux outils développés en Chine et reposant sur l’intelligence artificielle comme ChatGPT, selon un projet de réglementation dévoilé le mois dernier.