Chine : Près de la moitié des grandes villes sont en train de sombrer sous le poids des constructions

24/04/2024 mis à jour: 04:07
AFP
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Dans le sud de la Chine, des dizaines de milliers d’habitants ont été évacués à cause de pluies diluviennes, et de nombreuses personnes ont disparu (AFP). Si le pays est soumis à davantage de phénomènes météo extrêmes dont certains sont attribuables au changement climatique, un autre processus, plus progressif cette fois, risque également de provoquer des inondations majeures…

D’après une évaluation à l’échelle nationale de la subsidence entre 2015 et 2022 dans 82 villes comprenant celles de plus de 2 millions d’habitants, près d’une sur deux (45 %) s’enfonce à un rythme supérieur à 3 mm par an, ce qui concerne environ 270 millions de Chinois (Science, 18 avril 2024).

Plus inquiétant encore, une grande ville chinoise sur six (16 %) sombre à un rythme supérieur à 10 mm par an, mettant en péril quelque 67 millions de citadins, ont calculé les chercheurs issus des principales universités de Chine (Université normale de Chine du Sud, université de Pékin, Académie chinoise des sciences, etc.) et de deux universités américaines.


La capitale est particulièrement concernée 

Parmi ces villes en train de sombrer figurent la capitale Pékin, près de 22 millions d’âmes, et sa voisine côtière Tianjin, 14 millions de citadins. Pour chiffrer ce rythme d’affaissement avec une telle précision, les auteurs de l’étude ont analysé des données d’altitude recueillies par le réseau de satellites Sentinel-1 de l’Agence spatiale européenne, équipés de radars mesurant la distance avec le sol.Issu d’une combinaison entre le poids des constructions – lequel s’accroît avec l’urbanisation – et le pompage excessif des eaux souterraines, la subsidence représente un facteur important d’inondations, notamment dans des villes par ailleurs menacées par la montée des eaux (fonte des glaciers et dilatation du volume de l’eau avec la hausse de la température), souligne l’étude.En raison de cet effet combiné, à l’horizon 2120, près d’un quart (22 à 26 %) des terres côtières chinoises se situeront sous le niveau de la mer, ce qui affectera 9 à 11 % de la population côtière. 

Dans le cas des villes chinoises, les auteurs considèrent l’épuisement des aquifères comme le facteur prédominant des changements mesurés. «La clé de la lutte contre l’affaissement des villes chinoises pourrait résider dans le contrôle durable et à long terme de l’extraction des eaux souterraines», préconisent-ils.«Je pense que l’extraction de l’eau est probablement la raison principale», a confirmé à nos confrères le Pr Robert Nicholls, de l’université d’East Anglia (Angleterre), qui n’a pas contribué à ces travaux (BBC).  Et de détailler : «En Chine, de nombreuses personnes vivent dans des zones sédimentées assez récemment, d’un point de vue géologique. Par conséquent, lorsque l’on extrait les eaux souterraines ou que l’on draine les sols, ceux-ci ont tendance à s’affaisser».
 

Un espoir pour Shanghai 

Si Shanghai est certes toujours concernée par la subsidence avec ses 25 millions d’habitants, les auteurs de la nouvelle étude notent néanmoins un ralentissement de son rythme d’affaissement, qu’ils attribuent aux tentatives selon eux fructueuses de «maîtrise à long terme de l’extraction des eaux souterraines».
D’après la première carte mondiale de l’épuisement des ressources en eau souterraine publiée il y a quelques mois dans la revue Nature Communications (octobre 2023), les réserves des aquifères mondiaux disparaissaient à un rythme d’environ 17 km3 par an, soit à peu près le volume de 7000 pyramides de Khéops.
 

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