La Chine est le premier marché mondial pour les voitures électriques, et le géant asiatique, principal émetteur mondial de gaz à effet de serre en valeur absolue, vise en 2035 des ventes automobiles majoritairement composées de véhicules électriques ou hybrides.
L’électrique est déjà monnaie courante dans les grandes agglomérations et les quartiers aisés, où les modèles haut de gamme de Tesla et de son concurrent chinois BYD sont légion. Mais dans un nombre croissant de régions peu développées, c’est la Hongguang Mini de la marque locale Wuling qui a la préférence. Cette petite voiture électrique à deux portes s’est déjà écoulée à plus de 1,2 million d’exemplaires. Vendue à prix mini, à partir d’environ 30 000 yuans (3900 euros), elle fait un tabac dans les petites localités.
«Cette voiture est petite et pratique, facile à garer et à recharger. C’est pour ça que je l’ai choisie», sourit Mme Cao en rangeant ses courses dans le coffre de sa Hongguang Mini, dont le design n’est pas sans rappeler une Smart. La Hongguang Mini est idéale «pour aller chercher les enfants (à l’école), faire les courses et se rendre au travail», assure cette conductrice de 47 ans qui n’a pas souhaité donner son nom complet, rencontrée à Liuzhou. Cette ville du sud de la Chine, qui compte environ 4 millions d’habitants, est réputée pour ses montagnes embrumées et ses nouilles de riz aux escargots.
C’est là que sont fabriquées les Hongguang Mini (prononcer Rongue-gouangue) de la marque Wuling. Pour accompagner la transition vers l’électrique, les autorités locales ont multiplié les stations de recharge et proposent aides et places de stationnement à prix réduit. Tang Wenhui et sa famille ont déboursé environ 60 000 yuans (plus de 7500 euros) pour acquérir une Hongguang Mini, soit l’équivalent d’un an de salaire.
Ce conducteur assure que le choix d’un modèle électrique n’a pas du tout été dicté par des considérations écologiques. «Je voulais juste quelque chose pour me déplacer en ville», indique ce programmeur de 23 ans. La plus petite Hongguang Mini mesure environ 3 mètres de long pour 1,5 de large et peut accueillir jusqu’à quatre personnes. Une batterie lithium-ion lui offre une autonomie de 215 kilomètres, selon son constructeur. Ce sont les modèles les plus anciens qui sont vendus à environ 30 000 yuans, soit huit fois moins cher qu’une Model 3, le produit phare de Tesla. Wuling n’est pas la seule marque à proposer des mini-voitures électriques. Les constructeurs locaux Dongfeng Motor, Chery et Geely ont également investi ce créneau. Mais ses voitures se distinguent par leurs motifs sur carrosserie rose bonbon et jaune citron, ainsi que des éditions limitées au nom de pâtisseries françaises ou de consoles de jeu japonaises.
Accessoire de mode
Elles ont donné lieu à une communauté de fans, les Wuling girls, et les accros de la marque sont prêts à débourser un peu plus pour personnaliser leur voiture avec des pois de couleurs vives ou des personnages de dessins animés. Celle de Mme Cao, rouge rubis, est ornée de têtes de Mickey Mouse sur la carrosserie et son volant est recouvert de cœurs. «C’est mignon», sourit sa propriétaire rencontrée à une borne de recharge. La force des Hongguang Mini c’est que «dans les petites villes (elles) ont tendance à être davantage considérées comme un accessoire de mode que comme des véhicules», relève l’analyste Tu Le, du cabinet spécialisé Sino Auto Insights, basé à Pékin. Voilà pourquoi leurs propriétaires achètent généralement «des accessoires pour les décorer et les rendre uniques», souligne Tu Le. La Chine, qui cherche à réduire ses émissions polluantes et sa dépendance envers le pétrole étranger, met le turbo sur l’électrique.
Des dizaines de marques locales y ont vu le jour ces dernières années sur un créneau en forte croissance. Signe du dynamisme des constructeurs chinois, BYD a ravi au quatrième trimestre 2023 le titre de plus gros vendeur mondial de véhicules électriques à l’américain Tesla.