Un local de commercialisation des produits de l’artisanat, qui relève de la chambre de l’artisanat et des métiers (CAM) de le wilaya Tipasa, a été cédé à un particulier dans l’opacité totale. Un local que la CAM exploitait dans un passé récent, dans la vente des produits locaux de l’artisanat traditionnel, avant de le transformer en centre d’estampillage des tapis de l’artisanat.
Curieusement, ce bien public vient d’être transformé en un commerce de fast-food. Cette affaire de détournement de ce local ne manquera d’interpeller de la direction du tourisme et de l’artisanat (DTA) et l’office local du tourisme (OLT), tout en alimentant les commentaires des citoyens, surtout qu’elle va à contre-sens des orientations des hautes autorités du pays en matière de développement de l’artisanat au niveau local.
«C’est l’ex-ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Abdelkader Bengrina, qui avait cédé ce local à la CAM de Tipasa, afin que tous les produits de l’artisanat fabriqués au centre de broderie et de l’unité de tapis traditionnel de Cherchell, ainsi que les produits céramiques de l’unité Tipasa y soient commercialisés», indique ce témoin du passé de ce local, un ex-ouvrier de l’unité de fabrication des tapis traditionnels de Cherchell.
«Comment a-t-on fait pour le céder à une personne étrangère au secteur de l’artisanat, pour y vendre de la pizza ?», s’interroge-t-il. Il nous a été impossible de joindre la direction de la CAM de Tipasa. Contactée par nos soins, Mme Ouchen, premier responsable de la DTA de Tipasa, a tenu à préciser : «En effet, sur la base de ma mission, j’avais établi un constat écrit pour alerter la tutelle à deux reprises, et transmis un rapport, à titre d’information au wali. Je n’arrive pas à comprendre comment a-t-on autorisé le détournement de ce local qui fait partie du patrimoine de notre secteur», explique-t-elle.
Et de préciser : «Mon travail je l’ai accompli. Je ne suis pas une autorité habilitée pour annuler la décision de cession de ce bien public. Et encore moins habilitée à enquêter sur la manière dont ce patrimoine a été cédé à un particulier, et de surcroît ne faisant pas partie de notre secteur. J’ai complété mes envois par quelques photos des anciennes activités de ce local, pour illustrer mes écrits.» «Il est inadmissible de se taire face à ces dérives et à la dilapidation des biens de l’Etat. Ce magasin a son histoire. Son passé est riche», regrette la directrice, et de conclure en lançant cet appel : «Du moment qu’à l’échelle locale, personne ne veut appliquer la réglementation, ni assumer ses responsabilités, je me réfère aux hautes autorités du pays», conclut-elle.