Changement de gouvernement en Tunisie : Ce qui est vraiment attendu d’Ahmed Hachani

05/08/2023 mis à jour: 00:23
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Les Tunisiens comprennent désormais qu’avec un régime présidentiel, la tâche du chef du gouvernement se limite à appliquer la politique du président de la République. Et c’est le choix adopté dans la Constitution du 25 Juillet 2022. 

La nomination de Ahmed Hachani à la place de Najla Bouden, c’est juste un changement d’acteur, majeur certes, dans la réalisation du projet de Kais Saïed. «Fini la phase de préparation avec Bouden, place au passage à l’acte avec Hachani», a expliqué l’activiste politique Kais Karoui le lendemain de la nomination. Ce changement de cap couve néanmoins des attentes. Les observateurs sont convaincus que le président Saïed a opéré ce changement parce qu’il est convaincu de sa parfaite maîtrise des rouages de l’Etat et qu’il peut passer à la vitesse supérieure dans ses réformes.

Tous les circuits grincent en Tunisie. Toutefois, les attentes diffèrent selon le segment de la population. D’abord, il y a le petit peuple, principal réservoir de soutien du président Saïed. 

Ces derniers aspirent à une amélioration de leur pouvoir d’achat. Ils espèrent également voir la répartition des logements sociaux, bâtis un peu partout à travers la République, entre 2014 et 2016 et pas encore distribués en raison des luttes d’influence entre les clans au pouvoir durant la dernière décennie. 

Il y a ensuite les jeunes diplômés qui attendent du travail. Le président Saïed a néanmoins rompu dans son discours de passation de pouvoir, entre Bouden et Hachani, avec les promesses vaines, en appelant les Tunisiens à une meilleure productivité et à rompre avec l’État-providence.

 Finalement, le monde des affaires aspire à rompre avec les difficultés dans les financements du budget de l’Etat, constatées durant les dernières années et impactant négativement le climat d’investissements. Hachani est appelé à fermer le dossier des sources de financement du budget de l’Etat.
 

Nouveau schéma

Deux ans après le contrôle total par Kaïs Saïed du pouvoir politique, bien des choses ont changé. Ce n’est plus le brouhaha de tous les jours des chamaillades politiques entre les partis sur les radios et les télés. 

Les animateurs ont fini par comprendre que le public a vomi la classe politique, même celle dans la mouvance du président Saïed. «Le Tunisien Lamda veut des réalisations ; il ne veut plus entendre des promesses», assure le chroniqueur Néjib Dziri, considéré proche du président de la République. Les animateurs essaient certes d’introduire de nouveaux visages. Mais, il semble nécessaire d’user de nouveaux concepts et, surtout, de «chasser certains visages, présents sous Ben Ali, sous la décennie d’Ennahdha et aujourd’hui encore», exige le député Mahmoud Chalghaf. 

Pour ce dernier, «les médias ont joué un rôle néfaste durant la dernière décennie, en portant les projets des lobbies qui ont mené le pays à la faillite ; il est grand temps d’y opérer une véritable mise à niveau». 

La mise à niveau de l’espace médiatique souhaitée par Chalghaf consiste à «débattre les programmes de sortie de la crise des uns et des autres sur les plateaux médiatiques, non à insulter les personnes». 

Pour lui, «ce n’est pas normal que l’on continue à parler d’un putsch alors que toute la communauté internationale a compris que c’est la volonté du peuple». Chalghaf assure que «ce n’est pas un hasard si le Président le plus insulté sur les médias et dans les plateaux, et de loin, depuis 2011, c’est Kais Saïed». Il regrette que «cela continue parce qu’il y a des lobbies derrière, qui ne veulent pas que les réformes passent». 

Se joignant aux appels de Chalghaf, une partie de la classe politique et de la société civile réclame l’ouverture d’un débat sur l’organisation de l’espace associatif afin que le peuple contribue dans les décisions le concernant. «Il est impératif que la voix du peuple soit véhiculée via des institutions», clame Abid Briki, président du parti «Tunisie en avant», choisissant la position de soutien critique au président Saïed.

Tunis
De note correspondant  Mourad Sellami 

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