Le changement climatique cesse de nos jours d’être une relation accessoire avec tout ce qui touche au bien-être des Algériens et aux équilibres fondamentaux des écosystèmes. A force de sensibilisation médiatique et de constats pratiques dans la vie de tous les jours, les Algériens savent désormais que l’installation durable de la sécheresse et le changement climatique perçu cet hiver ensoleillé, chaud et humide comme étant un phénomène ne relevant plus de l’anecdote. L’augmentation de la température terrestre implique au contraire un éveil des consciences et une prise en charge nécessaire à même d’atténuer les effets de ce phénomène qui s’impose à nous. Cette agression provoquée par la nature et par l’homme accentue notre vulnérabilité vis-à-vis non seulement des ressources en eau mais également aux atteintes environnementales qui ne manqueront pas d’affaiblir les écosystèmes (faune et flore comprises) et, partant, la production agricole avec tout ce que cela implique comme effets adjacents. Face à la rareté accentuée des eaux de surface et souterraines, qui sont une faiblesse chronique de notre climat semi-aride (et le seront plus à l’avenir), les pouvoirs publics ont décidé de tenter de juguler la consommation effrénée de ces ressources hydriques et leur gaspillage par une série de mesures. Récemment, le gouvernement a déclaré que l’Etat prenait option pour l’installation d’une vingtaine de stations de dessalement de l’eau de mer et de recyclage des eaux usées pour faire face aux demandes des sites urbains et suburbains, de la côte méditerranéenne jusqu’à certaines agglomérations des Hauts-Plateaux. Cette gigantesque opération pour laquelle un budget important sera consacré permettra, espère-t-on, la disponibilité de l’eau potable et également celle des besoins d’hygiène domestique, d’assainissement public et, partant, un transfert vers les espaces industriels pour assurer la bonne marche des activités économiques. Une véritable gageure qui nécessite de grands investissements face à la demande sans cesse croissante en direction des villes densément peuplées et étalées. La Banque mondiale a fixé le seuil (théorique) de consommation moyenne à 1000 mètres cubes par habitant et par an. Or, l’Algérien en utilisait en 2020, pour ses différents besoins, 420 m3/an et sans doute un peu plus de
400 m3/an en 2022. Le gouvernement fait donc aujourd’hui face à une demande croissante du fait de la démographie et d’un redéploiement important du développement industriel. La diminution des écoulements d’eau de surface vers les sites de barrage et les retenues collinaires, donc le renforcement des eaux naturellement captées, sont rendus vulnérables par le phénomène de l’évaporation à cause de l'augmentation de la chaleur et la persistance de la sécheresse. La dégradation du tapis végétal, particulièrement celui des bassins versants, entraîne également une dégradation des ouvrages et des installations hydrauliques (80 barrages recensés à travers le pays et cinq en construction) par l’envasement irréversible et la circulation de substances polluantes. Les citoyens connaissent aujourd’hui les enjeux induits par une sécheresse persistante et savent qu’il faudrait désormais «vivre avec». Pendant ces trente dernières années, cette période est cycliquement dominée par la régression des précipitations. Depuis lors, le déficit de la pluviométrie est évalué à 30% (50% en 2001-2002) et a entraîné des conséquences dommageables sur l’alimentation en eau potable des populations et sur les activités agro-économiques. Par ailleurs, la surexploitation des nappes phréatiques a eu pour conséquence la minéralisation des zones semi-arides, comme le plateau d’Oran (eau douce-salée) et, dans une moindre mesure, certaines zones des hautes plaines du Nord. Plus grave, dans les zones côtières, la baisse des niveaux des nappes aquifères a provoqué la pénétration d’eau de mer dans les réserves souterraines d’eau douce (Annaba, Oran et la région d’Alger). Le changement climatique influe également grandement sur les zones humides, dont certaines sont en danger d’extinction. C’est pour toutes ces raisons que le gouvernement a adopté, devant l’urgence, une politique accélérée de réalisation de stations de dessalement d’eau de mer pour soulager l’intense, l’insoutenable exploitation tous azimuts des réserves hydriques nationales en nette régression.