La présidente de l’association El Hachemi Guerouabi revient sur les grandes lignes de la commémoration du 16e anniversaire de la disparition de son époux, le chantre de la musique chaâbi.
Propos recueillis par Nacima Chabani
-Dans quel état d’esprit avez-vous préparé la commémoration du 16e anniversaire de la disparition d’El Hachemi Guerouabi ?
C’est dans notre programme 2022 de commémorer le 16e anniversaire du décès de mon défunt mari, El Hachemi Guerrouabi. Cette commémoration se déroule du 16 au 18 juillet 2022 au palais de la Culture Moufdi Zakaria de Kouba à Alger. Habituellement, nous organisons cette commémoration sur trois jours. Cette année, vu que le palais a beaucoup d’activités, nous avons réussi, tout de même, à avoir l’espace pour ces trois journées. Vu aussi que l’année dernière, au moment de la Covid, nous avons célébré le quinzième anniversaire d’une manière restreinte.
-Justement, quelle est la caractéristique de cette 16e commémoration ?
Cette année, nous avons créé l’orchestre châabi «El haraz ». Celui-ci est composé de quatorze anciens et jeunes musiciens. Ces derniers vont reprendre quelques textes d’El Hachemi Guerouabi. Il faut préciser que les jeunes musiciens sont les lauréats des sept précédentes éditions du concours du Grand prix Hachemi Guerouabi. Le chef d’orchestre n’est autre que Smail Ferkioui. Celui-ci avait treize ans quand il a commencé à travailler avec Guerouabi.
-D’autres activités traditionnelles sont également à l’honneur ?
El Hachemi Guerouabi est une identité nationale. C’est un patrimoine. Nous avons monté une petite exposition concernant ses photos, ces habits, son diwane. Nous avons également donné la chance à quelques artisans d’exposer pour représenter le patrimoine national algérien. Nous avons aussi prévu une conférence-débat où des personnes viendront parler du maître du châabi. De même que deux soirées musicales, les 16 et 17 juillet, ont été programmées au niveau de l’auditorium du palais de la Culture de Kouba. La première soirée a été animée par l’orchestre El Haraz et Samir Toumi. Quant à la seconde, elle était orchestrée par Abdelkader Chaou et Nadia Benyoucef. La dernière soirée sera consacrée, pour sa part, à la remise des diplômes et des trophées.
-Quelle appréciation faites-vous sur les sept précédentes éditions du concours du Grand prix El Hachemi Guerouabi ?
Je dois dire avant tout que nous organisons beaucoup d’événements culturels aussi bien en Algérie qu’à l’étranger. Pour moi, à chaque fois que nous organisons un événement, c’est toujours un hommage à Guerouabi. C’est toujours en relation avec ses textes, ses chansons et avec tout ce qu’il a fait. Pour moi, l’hommage est une continuité de nos activités culturelles. Au bout de sept ans de notre concours, je découvre qu’il y a un grand potentiel d’artistes. Nous avons des jeunes magnifiques.
Peut-être qu’on se dit que nos jeunes sont transportés par la nouvelle musique. Je les ai vus sur scène, ils s’attaquent aux grands textes du melhoun. Ils apprennent vite et bien. Ils sont aussi habillés en traditionnel. Je pense que la continuité est là et que le flambeau est là.
-L’association El Hachemi Guerouabi s’est toujours fait un honneur d’instaurer une passerelle entre l’ancienne et la nouvelle génération ?
C’est une passerelle culturelle qui existe entre les anciens et les jeunes. On ne peut jamais avancer sans la base de nos chouyoukh. Je pense que ces jeunes, même s’ils reprennent d’autres textes et remixent d’autres chansons, ils doivent de se rapprocher des chouyoukh pour garder la base. Sinon, notre patrimoine disparaîtra à jamais.
-Certaines chansons d’El Hachemi Guerouabi font l’objet de reprises dans des styles musicaux différents ?
Guerouabi et Mahboubati ont modernisé le châabi pendant les années 70 avec les chansonnettes. Si on revient en arrière, la chanson El chamse el barda, il y a eu des instruments nouveaux qui ont été introduits. A titre d’exemple, récemment, un chanteur égyptien a fait une belle reprise de Allo Allo dans un style jazz manouche avec un clip. C’était magnifique. Certains puristes n’ont pas apprécié.
-Où en est le projet de la création de l’école musicale El Hachemi Guerouabi ?
Depuis la création de l’association en 2012, nous avons le problème de l’indisponibilité de siège. Il se fait que certaines circonstances de la vie ont fait que je n’ai pas relancé ma demande au ministère de la Culture et des Arts. Nous comptons bien veiller au grain. Pour ne rien vous cacher, ce qui me rend heureuse, c’est que l’école est là. Je le vois avec mes concours que nous organisons quand je me déplace à Alger, hors wilaya ou à l’étranger. C’est une école qui existe. Et c’est tant mieux pour nous.