Chafiaa Aït Hammoudi. Ingénieur agronome : «Environ 40% du total des cultivars prospectés sont menacés de disparition»

01/11/2023 mis à jour: 11:36
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Chafiaa Aït Hammoudi, ingénieur agronome et membre de l’Association des figuiculteurs de la wilaya de Béjaïa, a mené des études sur la figuiculture en collaboration avec l’université Abderrahmane Mira.

 

Entretien réalisé par Nasser A.

 

 

-Combien de variétés de figues aviez-vous répertoriées à l’issue de la campagne de prospection et de caractérisation que vous avez menée ?

Le travail de prospection et de caractérisation des cultivars du figuier est réalisé en partenariat avec l’association Biodiversité, échange et diffusion d’expérience française de Montpellier et en collaboration avec le professeur Kati Djamal Eddine du département sciences alimentaires de l’université de Béjaïa. L’étude a couvert treize communes figuicoles dans les deux wilayas de Béjaïa et Bordj Bou Arréridj. Dans le cadre de ce projet, nous avons répertorié alors plus de 60 cultivars du figuier qui sont classés selon le nombre d’arbres disponibles dans leurs régions et de leur répartition dans la zone figuicole plus généralement. C’est ce que nous avons exprimé en degré de densité, à savoir les variétés bien diffusées non menacées ; les variétés moyennement diffusées à surveiller ; les variétés rares et menacées de disparition. Je précise que l’association et son partenaire comptent mettre dans leurs prochaines priorités l’édition d’un catalogue d’un inventaire de biodiversité du figuier portant des détails de caractérisation de chaque cultivar répertorié et sa localisation. 
 

-Quelles sont les espèces menacées d’extinction ?

Les cultivars menacés de disparition représentent environ 40% du total des cultivars prospectés. On cite par les noms autochtones, Akertijiniou, Aherchaou, Amenyazli, Amerzagou, Amssas, Averkache, Aoujhane, Bouthasyer.  
 

-Parmi les actions qu’avait menées votre association, l’expérimentation de la caprification des figuiers, peut-on en savoir davantage sur les résultats obtenus de cette opération ? 
 

L’association a mené un projet sous l’intitulé «Pour une meilleure qualité de la figue, agir sur la pratique de la caprification et sur le processus de séchage». Son objectif principal est de contribuer à l’amélioration de la qualité de la figue et indirectement à la sauvegarde du patrimoine figuicole en améliorant les revenus provenant du figuier. Cette expérimentation de la caprification est réalisée en partenariat avec le département d’agronomie de l’université de Tizi Ouzou, sous le thème «Caractérisation de la fructification» de deux cultivars de caprifiguier Berzal et  Thit N’tskourth et l’évaluation de leur efficacité de pollinisation du figuier Thaamriouth situé dans la région de Béni Maouche. Ce travail a révélé l’importance de la pollinisation des figues en améliorant significativement la qualité du fruit. On a aussi noté l’amélioration du taux de rétention de fruit, du poids frais du fruit, de l’épaisseur de sa peau et de sa chair, du nombre d’akènes, etc. Ainsi, au mois de juin dernier, notre association a animé, lors de la période de caprification du figuier, des ateliers de sensibilisation des figuiculteurs sur l’impact de la caprification sur la qualité de la figue séchée, en s’appuyant sur les résultats obtenus, tout en expliquant que la caprification réduit la chute de fruit, améliore le poids du fruit et donne un fruit plus charnu et riche en akène. 

 

-Vous avez aussi testé une technique de séchage des figues, peut-on connaître les avantages tirés de cette nouvelle méthode ?


Le séchage des figues sous serre est une méthode bien maîtrisée dans plusieurs pays méditerranéens producteurs de figues. Je cite les cas de la Turquie et de l’Italie. Ce type de séchage rapporte plusieurs avantages aux familles figuicultrices, puisqu’elle permet de protéger des intempéries, sachant que le séchage en plein air engendre des pertes énormes de la production suite aux pluies d’automne. La nouvelle méthode préserve aussi l’aire de séchage du passage des animaux et des poussières. Il faut savoir que l’hygiène est l’une des exigences de l’IGP (l’indication géographique protégée) de la figue sèche de Béni Maouche. Par ailleurs, il nous reste encore du travail à faire pour réduire la durée de séchage. En outre, dans le but d’améliorer le microclimat de la serre, on pense à l’installation des ventilateurs de brassage d’air.    

 

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