Perché sur la rive nord de Chabet El Ameur, Aït Saïd accuse un énorme retard en termes de développement. La route, qui y mène, est dans un état catastrophique. «Même les tracteurs et les camions-citernes évitent cet axe quand on les sollicite pour nous approvisionner en eau.
Que dire alors des transporteurs ! Une grande partie a changé de ligne à cause de cette route», dira un quadragénaire adossé à un garage de mécanique. Beaucoup reste à faire dans ce village de plus 2000 habitants. La salle de soins réalisée pour garantir le minimum en termes de prise en charge médicale aux villageois, demeure toujours fermée. La structure aura coûté plus de 2 milliards de centimes au Trésor public, mais elle n’a jamais servi.
«Cela fait un mois qu’elle a été aménagée après avoir subi des actes de saccage et de vandalisme. Les autorités ont annoncé son ouverture incessamment, mais moi j’ai cessé de les croire, car ce n’est pas la première fois qu’elles font une telle promesse», lance un autre habitant. Bien qu’il soit l’un des villages les plus peuplés de la commune, Aït Saïd n’a aucune structure de jeunesse. «Nous n’avons même pas un petit stade où on peut jouer au football», se plaint Mohamed (38 ans), maçon et père de trois enfants. Rongés par l’oisiveté, les jeunes versent facilement dans la délinquance et autres maux sociaux. «Les psychotropes se vendent au su et au vu de tous. Les gens se droguent et boivent même devant l’école primaire. Certains ont érigé une baraque de fortune à cet effet.
On les a dénoncés et avertis à maintes reprises, mais ils reviennent souvent», dit-il. Comme un mal ne vient jamais seul, cet état de fait a aidé à l’émergence d’autres phénomènes, jadis inexistants dans le village. «Les vols sont devenus très fréquents ici. Il n’y a pas longtemps, on a signalé le vol de chauffages à l’école primaire. Cela a été précédé par le vol et le saccage de la boiserie et de la tuyauterie de la salle de soins. Même les barreaudages des fenêtres ont été arrachés», relate un quadragénaire, qui se plaint de la pénurie d’eau potable.
«Nos foyers sont approvisionnés une fois par semaine», dit-il. Pour atténuer les souffrances des habitants, les autorités ont décidé de raccorder la région à la station de dessalement de l’eau de mer de Cap Djenet. Néanmoins, les travaux patinent depuis 2018. «Le projet a été confié à l’entreprise publique hydro-aménagement. Or, celle-ci n’arrive même pas à verser les salaires de ses employés à temps.
Comment voulez-vous qu’elle termine le projet dans les délais», s’offusque un villageois. A l’APC, le temps est au lancement des nouveaux projets inscrits au titre des différents programmes de développement. La commune a bénéficié d’une enveloppe de 37 millions de dinars dans le cadre du PCD 2023 et 60 millions du Fonds de solidarité et de garantie des collectivités locales (FSGCL), précise le P/APC, Hocine Marmouchi. Le gros de ces aides servira, selon lui, à la réhabilitation des écoles primaires et au raccordement de plusieurs villages au réseau d’assainissement.
Bien qu’il manque de tout, le village d’Aït Saïd n’a eu, cette fois, droit à aucun projet. Le P/APC promet d’ouvrir la salle de soins et le revêtement de la route desservant la localité dans les meilleurs délais.