Les contrats à terme sur le blé ont connu hier un léger haut après trois mois de recul face aux problèmes d’approvisionnements au niveau de la mer du Nord, mais aussi en raison de la sécheresse menaçant la production dans d’autres centres d’exportations, notamment en Australie, au Canada et en Argentine.
Le contrat de blé le plus actif sur le Chicago Board of Trade (CBOT) a augmenté de 0,6% à 5,99-1/4 dollars le boisseau, après un plus bas depuis le 1er juin en début de session. «Les marchés du blé semblent encore relativement détendus, malgré le fait que les signes de resserrement de l’offre augmentent progressivement», estiment des analystes de Commerzbank.
Le marché continue d’être sensible à l’abondance des exportations russes ainsi qu’aux ventes ukrainiennes qui ont continué à atteindre certaines destinations malgré la fin de l’accord céréalier de la mer du Nord en juillet dernier.
Premier exportateur mondial de blé en assurant un quart des exportations mondiales et en détenant un stock très important, la Russie, qui refuse jusqu’à présent de réactiver l’initiative de la mer du Nord, conforte sa position dominante sur le marché en arrivant à produire toujours de plus grandes quantités. Kiev, par ailleurs, a ouvert de nouvelles voies maritimes pour contourner le blocage en mer du Nord, à l’instar des routes fluviales du Danube.
Ces voies restent toutefois fragiles, car elles n’échappent pas aux bombardements. «Le corridor maritime a permis de sortir près de 33 millions de tonnes de produits agricoles du pays en un an mais n’a pas aidé l’Ukraine à rebondir en termes de production agricole, en raison de la guerre elle-même qui a amputé d’un quart ses terres arables», indique, à l’AFP, l’économiste Joseph Glauber, chercheur à l’International Food Policy Research Institute IFPRI à Washington.
Les prévisions concernant la consommation mondiale pour l’année 2023/24, sont supérieures de 20 millions de tonnes à celles de la production mondiale de blé affectée par des conditions climatiques défavorables. La production de blé en Australie devrait chuter de 36% par rapport à l’année dernière à cause du manque de pluviométrie.
En Argentine, les récentes précipitations ont quelque peu soulagé la récolte de blé, mais les craintes persistent. Les 45 millions de tonnes de blé russes seront ainsi bien accueillies par un marché en quête davantage de quantités. En 25 ans, la Russie s’est transformée de pays importateur de blé, au rang de premier exportateur mondial, contribuant à faire du secteur agricole, le 3e poste commercial du pays, derrière l’énergie et métaux/minerais et devant l’armement.
La guerre en Ukraine a même participé à booster la production russe au point où le président russe a promis de livrer gratuitement du blé à six pays africains et à des tarifs préférentiels à l’Egypte. Cette dernière importe 80% de son blé de Russie. L’Algérie, qui importait particulièrement son blé de France, a choisi de diversifier ses sources d’approvisionnement notamment en achetant du blé russe.