Après un passage au conservatoire de Cheikh Saddek Abjaoui à maîtriser les rudiments de cette musique andalouse, Djamel s’est mis à la guitare et à la musique moderne, créant un groupe de rythm n blues avec ses amis.
A l’occasion du 5e anniversaire de sa disparition, le Centre de recherche en langue et culture amazighes de Béjaïa (CRLCA) a organisé un colloque national de deux jours à l’œuvre plurielle du grand auteur, compositeur, interprète et musicien, Djamel Allam, disparu le 5 septembre 2018 des suites d’une longue maladie.
Sous le thème «Djamel Allam, une œuvre plurielle à interroger», le colloque, qui a vu la participation de nombreux universitaires, analystes et compagnons de route du chanteur, s’est étalé sur les journées des 12 et 13 septembre.
Né le 26 juillet 1947 dans la ville de Béjaïa, Djamel Allam était le cadet d’une fratrie de trois garçons issus d’une modeste famille venue de la montagne des Ath Oughlis pour s’installer dans l’un des quartiers populaires les plus mythiques de la haute ville, El houma n Oucherchor ou le quartier des 5 fontaines. Un quartier qui s’ouvre sur le golfe de Béjaïa et ses bateaux venus de l’autre bout du monde.
Djamel adorait la mer et surtout la plongée pêche sous-marine dans la crique des Aiguades et son autre passion était bien sûr la musique.
Après un passage au conservatoire de Cheikh Saddek Abjaoui à maîtriser les rudiments de cette musique andalouse, Djamel s’est mis à la guitare et à la musique moderne, créant un groupe de rythm n blues avec ses amis.Nourri de chaâbi et des chants traditionnels de cette population venue des hauts villages de la Soummam, Djamel puisera abondamment de ce fond musical ancestral pour créer des mélodies fabuleuses de beauté et de simplicité. Une touche très personnelle que l’on retrouve également dans un style d’écriture qui n’appartient qu’à lui et qui ne ressemble à aucun autre.
Sensibilité exacerbée
Par ailleurs, comme tous les grands artistes, il était d’une sensibilité exacerbée, et d’une générosité extrême. Ses compagnons l’ont toujours décrit comme un boute-en-train, plein d’humour et d’énergie. C’était aussi un artiste de la vie qui aimait les belles choses, le cinéma, la peinture, les voyages, la découverte de l’autre et l’art dans toutes ses dimensions. Féru de lecture, il était également d’une grande curiosité intellectuelle et était ami avec beaucoup d’écrivains, journalistes, artistes, peintres, cinéastes et intellectuels.
C’est ce profil atypique d’artiste innovateur et créateur et d’homme de culture ouvert sur le monde qui lui ont permis de révolutionner la chanson kabyle à travers des chansons immortelles car universelles. Ainsi donc, pour les initiateurs du colloque, l’œuvre que Djamel Allam a laissé à la postérité s’offre à la critique scientifique comme un «legs qui parlera pour lui» selon le bon mot de Lounis Aït Menguellet. Il s’agit de s’intéresser à l’artiste qui avait de multiples facettes et qui a fait du multilinguisme un atout.
Avant tout, Djamel faisait partie de ses pionniers qui ont su renouveler la chanson amazighe en lui apportant un souffle nouveau avec une nouvelle touche d’audace, de modernité et d’universalité. «L’intérêt scientifique est à porter, entre autres points focaux, sur l’association entre l’âme traditionnelle kabyle et les influences anglo-saxonnes, les accents de folk, jazz et pop, et les sonorités chaâbi et raï.
Le style de Djamel Allam se prête à l’analyse musicologique pour explorer les particularités du brassage interculturel et inter-musical et comme toute œuvre musicale multidimensionnelle, son œuvre reste accessible à une recherche pluridisciplinaire qui inclut, outre la musicologie, la littérature et la sociologie, les approches ethnomusicologique, didactique, linguistique, sociolinguistique, sémio-linguistique, socio-didactique.