Cette année, la célébration de la journée mondiale du diabète, dont le slogan choisi est «Diabète et bien-être», s’est faite en deux temps. En effet, c’est en partenariat avec Novo Nordisk Algérie que le ministère de la Santé a d’abord donné, dès le 18 novembre au niveau de la wilaya déléguée de Ksar Chellala, le coup d’envoi des activités de la journée.
A cet effet, le Dr Djamila Nadir, chargée des maladies non transmissibles au ministère de la Santé, a affirmé : «Lors de ces journées, nous avons organisé une campagne de dépistage et de sensibilisation au diabète et ses complications au niveau de la localité de Ksar Chellala. Et depuis hier et jusqu’au 24 novembre, des médecins généralistes, exerçant dans 12 wilayas de la région Ouest, prennent part à une formation, tenue à l’Institut de formation paramédicale M’hamed Ben Souna de Tiaret, organisée dans les cadres des activités liées à la célébration de la journée.» «Il s’agit d’un séminaire de formation régional sur toutes les facettes du diabète et ses complications», explique le Dr Djamila Nadir.
L’objectif, selon elle, est de faire en sorte que les structures de proximité, par le biais des médecins généralistes, puissent assurer une meilleure prise en charge précoce ainsi que le dépistage du diabète et de ses complications. «Il s’agit d’améliorer les compétences des médecins généralistes dans les structures de proximité pour une prise en charge optimale du diabète en Algérie», poursuit-elle.
A noter que la clinique mobile «Changing Diabetes», le premier projet de partenariat public-privé entre Novo Nordisk Algérie et le ministère de la Santé, a été déployée dans le cadre de la campagne de dépistage et d’information et cela dès le 18 novembre au niveau de la polyclinique Moudjahid Chergui Kaddour de Ksar Chellala.
Celle-ci se poursuivra jusqu’au 24 novembre à la polyclinique Chahid Bouchenafa de Tiaret. Les citoyens pourront ainsi bénéficier de plusieurs examens cliniques et biologiques, supervisés par une équipe pluridisciplinaire. «Cette initiative vise à sensibiliser le public sur l’importance du dépistage et de l’éducation thérapeutique, en insistant sur une habitude alimentaire adéquate», assurent les organisateurs de l’événement. «Elle vise à sensibiliser la population sur les facteurs favorisant l’apparition du diabète et notamment le mode de vie. C’est dans ce sens là, qu’on parle de qualité de vie et de bien-être», explique le Dr Djamila Nadir. Pour elle, il est important de faire en sorte que la population adopte une alimentation saine et pratique une activité physique.
«Cela est essentiel pour éviter l’obésité, responsable de l’insulino-résistance et donc du diabète. De plus, cela permet d’éviter les complications du diabète pour les patients diabétiques», précise-t-elle. Le patient pourra ainsi bénéficier «d’explorations biologiques pour son diabète, et en même temps détecter des complications, notamment cardiovasculaires, qui sont les plus fréquentes chez le diabétique», ajoute le Dr Djamila Nadir.
Précisant au passage que les diabétiques décèdent le plus souvent de complications cardiovasculaires d’où l’intérêt de les dépister précocement. Par ailleurs, la spécialiste affirme que la rétinopathie diabétique est aussi la première cause de cécité chez le diabétique. C’est pourquoi, il est important, selon elle, de dépister ces lésions précocement et faire en sorte de les stopper pour éviter la cécité chez les diabétiques.
De son côté, le Pr Bourahla, cardiologue au CHU Parnet d’Alger, a tout d’abord affirmé que le diabète constitue un fléau social mondial, où la prévention de par le monde a connu une régression de l’incidence du diabète et de sa prévalence. Sachant que dans les pays à revenus modérés et faibles, la pathologie connaît une progression importante, notamment en Algérie. «La prévalence est de 8,8% dans le monde mais elle représente 14,4% chez nous», avance-t-il. «Cette disparité importante, nous qui étions un pays avec une certaine hygiène de vie par rapport à l’alimentation surtout, nous assistons à une régression», se désole-t-il. Selon lui, si nous faisons face à autant d’obésité, c’est à cause de la sédentarité et l’hygiène alimentaire n’est pas très adaptée. «On augmente l’incidence et la prévalence de cette pathologie chez nous et cela avec son lot de complications et de son impact socio-économique», affirme-t-il.
Activité physique
Par ailleurs, le spécialiste a tenu à aborder l’association diabète-hypertension. En effet, selon le Pr Bourahla, si les trois quarts des patients diabétiques sont aussi hypertendus, cela n’est pas une coïncidence. «Il y a quelques années, on disait aux patients : ‘‘vous êtes diabétiques vous allez faire de l’hypertension ou vous êtes hypertendus vous allez faire du diabète.’’ Maintenant, on sait pourquoi ces deux pathologies ne font qu’une», affirme-t-il. Cela alourdit, selon lui, l’impact économique de ces pathologies et leurs complications.
D’ailleurs, si la CNAS rembourse toutes les catégories du diabète, y compris les nouvelles thérapies, le Pr Bourahla relève tout de même «un petit bémol lorsqu’il y a uniquement la pathologie cardiaque qui est en rapport avec le mécanisme physiopathologique en accord avec le diabète». Selon lui, lorsque le diabète n’est pas encore là, «il y a un petit souci par rapport au remboursement quand la pathologie est seulement cardiovasculaire sans l’adjonction du diabète».
En ce qui concerne les nouvelles thérapies ciblées du diabète, le Pr Bourahla assure que les gens sont à jour par rapport aux nouveautés. Le spécialiste estime important de les accompagner au début. Selon lui, même si on connaît les thérapies, il est essentiel de savoir comment les gérer sur le terrain avec le patient. Quelles sont les bonnes indications pour le patient ? Qu’est-ce qu’on attend de ces thérapies lorsqu’on les prescrit ? «Il ne suffit pas de connaître la molécule et de la prescrire. Il faut justement se positionner avec le patient et l’accompagner», conclut-il.
Pour sa part, le Dr Benmebarek, spécialiste en médecine du sport à la retraite, a affirmé que cette journée est une très bonne initiative car elle permet de sensibiliser les médecins généralistes, qui sont les premiers à faire face à la population pour la prise en charge du diabète, avant même les médecins spécialistes. «Il faut savoir que les dernières recommandations concernant la prise en charge du diabète préconisaient les médicaments. Désormais, on mise avant tout sur les mesures hygiéno-diététiques, à savoir l’activité physique et l’association d’une alimentation équilibrée et adaptée en premier plan. Et dans le cas où ces mesures ne suffisent pas, on passe au traitement médical», rappelle-t-il.
Expliquant qu’il ne s’agit pas d’un remplacement : «on complète seulement le traitement médicamenteux par les mesures hygiéno-diététiques et l’activité physique régulière ainsi que l’adoption d’une alimentation équilibrée et adaptée.» Dans ce sens, le Dr Benmebarek explique que l’activité physique est le seul facteur protecteur au niveau des trois niveaux de prévention. En effet, en termes de prévention primaire, l’activité physique ne fait pas apparaître le diabète.
Sur le plan secondaire, «on peut même diminuer les doses des antidiabétiques oraux et de l’insuline, ainsi que diminuer le recours au traitement médical avec l’activité physique», assure le spécialiste. Et enfin, l’activité physique peut retarder le plus possible les chances de complications du diabète.