Le 20 novembre 2023, le port de Bouharoun a accueilli un visiteur inhabituel : un requin pèlerin femelle de 7,40 mètres, capturé accidentellement au large de la baie de Bou Ismaïl.
Des témoins nous précisent que ce poisson a été capturé par un petit métier du port de Bouharoun, avec la technique du filet dérivant, qui est toujours utilisé par des pêcheurs des ports de la wilaya de Tipasa.Une capture inhabituelle, qui a donné lieu à des rumeurs alarmantes qui ont circulé à ce sujet, sur les réseaux sociaux, prétendant que ce requin pèlerin, capturé à Bouharoun, aurait attaqué des harraga, semant la panique parmi les habitants et les familles concernées.
Pour clarifier la situation, nous avons sollicité l'avis de Souad Lamouti, chercheuse en sciences de la mer et spécialiste en biodiversité marine, et représentante du Centre national de recherche et de développement de la pêche et de l'aquaculture (CNRDPA) pour partager son expertise sur cette espèce, et ses les menaces infondées sur l’homme.
Selon Mme Lamouti, le requin pèlerin n'attaque pas les humains et la capture récente a été le résultat d'une prise accidentelle. «Le CNRDPA a été alerté par les garde-côtes par cette capture. Une équipe de la division pêche s'est immédiatement rendue sur place. Bien que nous ayons souhaité observer l'animal en pleine mer, des échantillons ont été prélevés pour des examens scientifiques approfondis au laboratoire d’Ichtyologie», dira d’emblée notre interlocutrice.
Et d’être formelle : «Malgré sa parenté avec le grand requin blanc, le requin pèlerin est inoffensif envers l'homme, se nourrissant de zooplancton. Sa présence en Méditerranée est normale, et il n'est pas ciblé par la pêche.
La capture récente représente une prise accidentelle. Malheureusement, cette espèce est en danger d'extinction, avec une diminution de plus de 50% en Méditerranée au cours des dernières générations», explique Souad Lamouti. Rassurant et niant à la fois toute dangerosité de cette espèce de requin sur l’homme, la représentante du CNRDPA révèle, à l’occasion de cette capture, que le Centre et le ministère de la Pêche et des Productions halieutiques «envisagent la création d'une plateforme de signalement et des campagnes de sensibilisation pour les pêcheurs» pour ce genre d’espèce marine menacée.
«Des initiatives scientifiques, telles que le projet sur les élasmobranches dans le golfe de Ghazaouet en 2021, contribuent à mieux comprendre et préserver ces espèces vulnérables», conclut Mme Lamouti.