L’influenceur camerounais Ramon Cotta, dont l’absence de signes de vie après une interpellation mi-juillet a inquiété avocats et ONG internationales sur une possible disparition forcée, est détenu par la gendarmerie à Yaoundé, a déclaré hier son avocat, cité par l’AFP.
Yves Kibouy Bershu, aussi connu sous le nom de Steve Akam et le pseudonyme de Ramon Cotta sur les réseaux sociaux, est «détenu au service central des recherches judiciaires depuis qu’on l’a enlevé en juillet», a dit Serge Emmanuel Chendjou, membre du collectif d’avocats qui le représente.
Mi-juillet, l’influenceur, connu sur les réseaux sociaux pour ses critiques des autorités camerounaises, était apparu en état d’arrestation dans une vidéo largement relayée en ligne : il était menotté «et entouré de membres de la police camerounaise», selon l’ONG HRW, qui affirmait mi-août que «la dernière fois où il a(vait) été vu», c’était dans cette vidéo.
L’homme qui résidait au Gabon avant son interpellation est désormais aux mains des services de gendarmerie à Yaoundé, la capitale camerounaise. Mais «son statut juridique n’est pas connu», a précisé Me Chendjou, qui s’insurge contre le fait que «les procédures d’extradition n’aient pas été respectées».
Dans un communiqué, le collectif d’avocats qui représente l’influenceur a assuré mardi avoir «échangé pendant deux heures» avec son client «dans la cellule de sûreté du tribunal militaire de Yaoundé».
Le «premier échange avec un tiers non militaire» de l’influenceur depuis son arrestation, au cours duquel ses avocats ont relevé des séquelles physiques et recueilli le témoignage de «tortures» subies en détention. «Il a un début de paralysie de tout le côté gauche de la tête au pied et de graves troubles visuels», est-il notamment mentionné dans le communiqué.
«Il affirme être détenu dans une chambre noire après avoir été bien torturé et (que) ses yeux (ont été) soumis aux projecteurs», a poursuivi le collectif.
Selon le communiqué, Ramon Cotta dit être accusé d’«acte de terrorisme, insurrection, financement de terrorisme, trafic d’armes, outrage au chef de l’Etat et membres du gouvernement». Des chefs d’accusation qui ne pourront être confirmés «qu’après avoir eu accès au dossier d’accusation», a tempéré Me Chendjou.