Cadastre et aide du Fonal à Boumerdès : Des élus demandent une dérogation ministérielle

24/02/2024 mis à jour: 00:24
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Habitat rural à Boumerdès - Photo : D. R.

Le programme d’aide à l’habitat rural patine dans plusieurs communes, à cause des erreurs du cadastre. La wali a révélé récemment que 700 sur les 1500 aides octroyées à la wilaya en 2023 n’ont pas trouvé preneur.

N’ayant pas trouvé écho à leurs multiples requêtes, des élus de la wilaya de Boumerdès sollicitent l’intervention du ministère de l’Habitat, en vue de trouver une solution aux blocages générés par le cadastre. «Plusieurs projets d’équipements publics n’ont pas été lancés chez nous, à cause des erreurs commises lors du cadastre de la commune», précise le P/APC de Timezrit, Boualem Tamsdaket.

Il cite, entre autres, le projet de la salle omnisports, la bibliothèque communale, la maison de jeunes, le CFPA et un projet de 150 logements sociaux transféré aux Issers, faute de terrain. M.Tamsdakt insiste surtout sur le programme de l’habitat rural, en souffrance en raison des anomalies constatées dans l’identification des terrains des uns et des autres. «80% des terrains de notre commune ont été classés inconnus bien qu’ils relèvent de la propriété privée.

Les gens sont bloqués parce qu’ils n’ont pas les actes et les documents fonciers. Les services du cadastre disent que la loi ne leur permet pas de modifier les plans déjà approuvés», explique le  maire, ajoutant que ses services reçoivent beaucoup de demandes à l’habitat rural en instance. «L’année passée, on nous a accordé 80 aides, mais 70 ont été récupérées parce que les postulants n’avaient pas d’actes de propriété de terrain», déplore-t-il. Le problème n’est pas propre à Timezrit, ni même à la wilaya de Boumerdès.

En janvier dernier, la wali Fouzia Naâma a précisé que 700 aides du Fonal parmi les 1500 allouées en 2023 au profit de la wilaya n’ont pas trouvé preneur. On se souvient qu’au lancement de cette formule en 2001, l’aide des 70 millions était distribuée par centaines, voire par milliers afin de stopper l’exode et éradiquer l’habitat précaire dans les milieux ruraux.

«Les P/APC  doivent être autorisés provisoirement à délivrer l’attestation de possession, comme on le faisait  auparavant», préconise Karim Yassa, maire de Naciria.  Là aussi ou encore à Afir, Beni Amrane, Ammal et Chabet El Ameur, les plans du cadastre ont fait beaucoup de mécontents. Sans l’acte de propriété du terrain, plus aucun dossier Fonal n’est accepté. «J’ai des terrains où  je pourrais construire, mais ils ont tous été classés inconnus. Il me faut des années de démarches pour pouvoir faire valoir mes droits», martèle Saïd (46 ans).

Le désarroi des souscripteurs

Éleveur de son état, ce père de famille habite une vieille maison à Takirwant, dans  la commune de Naciria. Son rêve est de construire un logement décent dans le cadre de l’habitat rural, un programme financé par l’Etat  et qui a connu un franc succès dans les zones rurales. Grâce à ce programme, pas moins de 4500 maisons ont été érigées à travers la commune.

Maintenant tout est bloqué, dit le P/APC, Karim Yassa. «Auparavant, un simple certificat administratif délivré par l’APC suffisait. Maintenant, ce document n’est pas attribué à ceux qui le demandent sous prétexte que la commune est cadastrée», ajoute-t-il.

Il faut dire que l’Etat accorde une grande importance au programme du Fonal. «Cette formule est une des plus grandes réussites de l’Algérie, car ayant résolu d’innombrables problèmes», a déclaré  récemment le président Tebboune à la presse.

De son côté, le ministre de l’Habitat a souligné que «60% du programme de logement devant être réalisés durant la période 2020-2024  sont destinés aux habitants des zones rurales afin de garantir l’équilibre régional et la justice sociale entre les différentes régions du pays». Pas question donc de laisser le moindre obstacle entraver la bonne marche de ce programme.

Ferhat Bougaba, président de la commission habitat et urbanisme, précisera que «même le ministère des Finances a été saisi à l’effet d’ordonner la rectification des erreurs commises, mais aucune mesure palpable n’a été prise dans ce sens».

Lui aussi défend l’idée d’une dérogation ministérielle ou une instruction du chef de l’Etat pour relancer le programme. A la direction du cadastre, c’est le black-out total. A la place d’erreurs et de travaux bâclés, on préfère parler de quelques réserves dues au boycott des sorties des techniciens du cadastre par les citoyens. Sollicité pour plus d’informations, le directeur nous a invités à revenir lundi, jour de réception. 

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