Le prestigieux British Museum, dont le directeur a démissionné, avant-hier, à la suite d’une série de vols dans les collections, a traversé plusieurs crises et controverses ces dernières décennies.
A la fin des années 90, le musée traverse une grave crise financière, confronté à l’érosion continue des subventions publiques et au non-versement du loyer par la «National Library», qui déménage vers de nouveaux locaux. Pour réaménager les locaux libérés, l’institution fondée en 1753 doit réunir quelque 160 millions de livres. Le recours à des fonds privés et à la loterie nationale n’y suffit pas. Après avoir envisagé de renoncer à la sacro-sainte gratuité de l’accès - en introduisant un prix d’entrée de cinq livres - le British Museum la maintient finalement, soutenu en 1998 par une subvention du gouvernement travailliste.
Grève historique
Le 17 juin 2002, le musée est obligé de fermer ses portes pendant une journée pour cause de grève, la première en 249 ans d’existence. Une écrasante majorité du personnel cesse le travail pour protester contre un plan de restructuration qui prévoit plus de six millions de livres d’économies et 150 suppressions d’emplois. La même année, au coeur de l’été, un voleur audacieux profite de l’absence de gardiens dans une galerie pour dérober une statue grecque en marbre vieille de 2.500 ans.
Acquise en 1922 par le British Museum, cette tête de 12 centimètres de hauteur est estimée jusqu’à 25.000 livres. La galerie d’art grec où se trouvait la pièce dérobée était sous la responsabilité d’un gardien chargé de patrouiller dans plusieurs salles à la fois, en raison du manque de personnel.
En 2002, la presse révèle que plus de 30 pièces de grande valeur, notamment des bronzes de l’ancien Royaume du Bénin pillés par les forces britanniques en 1897, ont été cédées au fil des décennies à des collectionneurs privés nigérians par le British Museum. Le musée reconnaît les faits, tirés d’un rapport déclassifié de 1972. Ces précieuses oeuvres d’art, dont le Nigeria réclame la restitution, ont pour certaines été bradées pour quelques dizaines de livres. Malgré les demandes insistantes d’Abuja, le British Museum s’est jusqu’ici refusé à toute restitution, plaidant pour des retours sous la forme de prêt.
Bijoux chinois dérobés
En octobre 2004, des bijoux et objets chinois datant du XIIe au XVIe siècle, sont dérobés en plein jour. Au total, une quinzaine de pièces, dont des épingles à cheveux et des protections pour ongles, ont été emportées par les cambrioleurs. Les enquêteurs étudient alors la piste d’un vol ciblé, commandité par un collectionneur privé. Depuis des décennies, la Grèce demande la restitution d’une frise de 75 mètres détachée du Parthénon ainsi que d’une des célèbres cariatides provenant de l’Erechtheion, petit temple antique également sur le rocher de l’Acropole, toutes deux pièces maîtresses du British Museum.
Londres affirme que les sculptures ont été «acquises légalement» en 1802 par le diplomate britannique Lord Elgin qui les a revendues au British Museum. Mais la Grèce soutient qu’elles ont été l’objet d’un «pillage» alors que le pays était sous occupation ottomane.
La polémique avait été attisée en 1998 par les conclusions d’un livre d’un éminent historien britannique, William Saint Clair. Selon lui, des conservateurs du British Museum ont infligé, 60 ans plus tôt, des dommages irréparables à la surface des marbres, en les raclant avec des outils de fer pour leur rendre ce qu’ils croyaient être leur couleur blanche originelle, faisant disparaître la couche chromatique qu’ils portaient depuis l’antiquité.