Le réchauffement diplomatique entre Alger et Madrid se confirme. Après une période de tensions marquée par la crise autour du Sahara occidental, la visite officielle du ministre algérien de l’Intérieur, Brahim Merad, en Espagne, les 24 et 25 février, signe une nouvelle étape dans la relance des relations bilatérales.
Sécurité, lutte contre la criminalité transfrontalière, immigration irrégulière, coopération en matière de gouvernance locale... Plusieurs dossiers ont été mis sur la table lors des discussions entre le ministre algérien et son homologue espagnol, Fernando Grande-Marlaska Gómez.
La rencontre a été une occasion pour «échanger les expertises concernant la lutte contre le crime transfrontalier et coordonner les efforts conjoints pour faire face aux défis communs», souligne un communiqué du ministère de l’Intérieur.
Le dossier de la sécurité a occupé une place centrale. Alger et Madrid, liés par un accord bilatéral de lutte contre le terrorisme et le crime organisé, veulent renforcer leur collaboration dans ce domaine, et notamment en matière de trafic de drogue, cybercriminalité, traite des êtres humains. Le ministre algérien a insisté, selon le communiqué du ministère de l’Intérieur, sur la nécessité d’un partage d’informations plus poussé afin de neutraliser les réseaux criminels opérant de part et d’autre de la Méditerranée.
L’immigration clandestine a également été au cœur des discussions. Alger affirme son engagement aux côtés de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), qui a facilité le retour volontaire de plus de 8000 migrants irréguliers ces dernières années. Brahim Merad a rappelé la position de l’Algérie : la lutte contre l’immigration illégale passe avant tout par le développement des pays d’origine. Accompagné de hauts responsables de la Sûreté nationale et de la Protection civile, le ministre algérien s’est, par ailleurs, rendu au siège de la Direction générale du trafic en Espagne.
La délégation algérienne a pu, selon l’agence APS, s’informer sur les outils numériques, les cadres réglementaires et les solutions techniques mis en place par Madrid pour fluidifier la circulation et garantir la sécurité sur les routes. L’objectif affiché est de renforcer les échanges et de développer des mécanismes communs pour moderniser les infrastructures et les méthodes de gestion routière en Algérie.
Enfin, la coopération entre les deux pays ne se limite pas aux seuls aspects sécuritaires. L’Algérie souhaite approfondir ses relations avec l’Espagne dans les domaines de l’aménagement du territoire, de la gouvernance urbaine et du développement local. L’objectif : s’inspirer des modèles espagnols en matière d’attractivité économique des villes et de décentralisation, afin d’améliorer la gestion des collectivités locales algériennes.

( Brahim Merad, accompagné de sa délégration,s'entretenant avec son homologue espagnol, Fernando Grande-Marlaska Gomez)
Dynamique plus large
La visite de Brahim Merad s’inscrit dans une dynamique plus large de normalisation des relations entre Alger et Madrid, mises à mal ces dernières années. Il s’agit de la première visite d’un responsable algérien en Espagne depuis 2022 et du premier déplacement d’un ministre de l’Intérieur algérien dans ce pays depuis 2021, soit depuis la suspension, en juin 2022, du Traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération signé le 8 octobre 2002 avec l’Espagne. Cette rencontre marque ainsi une nouvelle étape dans la relance de la coopération bilatérale amorcée ces dernières semaines.
Sur le plan diplomatique, Ahmed Attaf, ministre d’Etat chargé des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, a échangé avec son homologue espagnol, José Manuel Albares Bueno, en marge de la deuxième journée de la réunion ministérielle du G20 à Johannesburg. Il est à noter que les deux pays sont liés par un traité d’amitié signé en 2002, établissant des relations stratégiques entre ces deux nations méditerranéennes.