Boycott de marques pro-Israël: les produits halal visés en Europe

19/12/2023 mis à jour: 05:30
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D.R

Après plus de 70 jours depuis le lancement de la campagne internationale de boycott des marques pro-israéliennes, une nouvelle initiative émerge en Europe. Cette fois-ci, ce sont les produits labélisés halal considérés comme pro-israéliens qui sont visés.

Alors que l'offensive sioniste continue de commettre des crimes de guerre contre les Palestiniens, la campagne de boycott des marques pro-israéliennes s'étend de plus en plus ces dernières semaines. En France, c'est une nouvelle initiative de boycott qui émerge : les produits halals jugés pro-israéliens sont blacklistés.

Des appels, lancés sur les réseaux sociaux, reprochent aux propriétaires de ces marques de soutenir Israël. Une accusation qui ne provient pas directement du mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions), mais plutôt d'initiatives individuelles qui gagnent particulièrement en visibilité sur certaines plateformes, notamment TikTok. Ces vidéos circulent depuis quelques jours déjà, et le taux d'engagement est très important.

Plusieurs marques sérieusement touchées 

Depuis le début des frappes aériennes d’Israël sur la bande de Gaza, les appels au boycott de certaines marques accusées de soutenir l’armée israélienne se sont multipliés. Carrefour a été spécifiquement ciblé après avoir fourni de la nourriture aux soldats via la société Electra Consumer Products, qui gère les magasins franchisés du groupe français en Israël. D'autres marques telles que Coca-Cola, Sodastream, McDonald's, KFC, Starbucks, Burger King et Puma ont également été prises pour cible.

D’ailleurs, selon des sources proches de ces marques, des cellules de crise ont été installées pour gérer la chute des ventes et cette grande campagne de bad buzz. Dans ce même chapitre, la marque de vêtement Zara a été doublement ciblée par le boycott des pro-Israël et des pro-Palestiniens. La cause était des photos du shooting de sa dernière collection inspirée de la catastrophe humaine à Gaza. Des mannequins sont apparus portant des linceuls et entourés de décombres. Même si la firme a retiré ses photos, les deux camps ont appelé à la boycotter.

Voulant exercer encore plus de pression, c’est au tour des produits halals en France d’être bannis. Des internautes n’ont pas caché leurs inquiétudes quant aux liens supposés entre les propriétaires de ces marques dites halal et l’entité sioniste, craignant que leurs achats ne nuisent à la cause palestinienne.

Le poids du boycott

Ces marques concernées par le boycott ne sont pas à leur première accusation. Elles ont subi le même sort en 2014 pour la même raison. Les entreprises Isla Délice, Reghalal et Wassila se retrouvent donc aujourd’hui dans la même situation. La marque Isla Délice, acteur majeur dans les rayons halals des grandes surfaces en Europe, avait même publié un communiqué de presse pour nier ces allégations de soutien à Israël.

Malgré ces accusations, aucun soutien direct n'a été confirmé publiquement. Aucune relation immédiate avec Israël n’est également confirmée, rendant la justification de ce boycott insuffisante. Isla Délice a été rachetée par un fonds d'investissement britannique appartenant à la famille Perrodo, initialement dans le secteur pétrolier. Wassila appartient au groupe Casino, dirigé par Jean-Charles Naouri, sans preuve de soutien politique à Israël. Reghalal appartient au groupe français LDC, dirigé par Denis Lambert, également sans lien évident avec Israël.

Il faut également mentionner que ces appels au boycott ne sont pas uniquement motivés par les accusations de soutien au sionisme israélien, mais aussi par les inquiétudes concernant la validité du certificat "halal".

Cependant, bien que le boycott puisse exercer une pression économique sur les entreprises associées à Israël, cela est-il vraiment suffisant pour mettre fin à l’effusion de sang à Gaza ? Chose sûre, la baisse des ventes est officielle. Starbucks, par exemple, aurait enregistré "une perte de 12 milliards de dollars" en vingt jours, selon plusieurs commentateurs. C’est "la plus grande perte pour l'enseigne depuis son introduction en bourse en 1992".

L’impact du boycotte n’est pas immédiat sur la résolution urgente du conflit. En plus de la pression économique exercée et qui nécessite, selon les spécialistes dans la question palestinienne, une meilleure stratégie, le boycott rend service aux produits locaux. Plusieurs marques, autrefois boudées, ont vu un rush des consommateurs sur leurs produits avec une publicité digitale les présentant comme une excellente alternative.

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