Bouzid Abdelhakim. Enseignant en écologie et chercheur au laboratoire de Conservation des zones humides à l’université de Ouargla : «La cartographie des zones humides est indispensable pour évaluer et conserver ce patrimoine si précieux»

02/02/2023 mis à jour: 18:51
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Bouzid Abdelhakim. Enseignant en écologie et chercheur au laboratoire de Conservation des zones humides à l’université de Ouargla

D’abord, qu’est-ce qu’une zone humide ?

Les zones humides sont des communautés biotiques uniques comprenant diverses plantes et animaux qui sont adaptées à des régimes hydrologiques peu profonds et souvent dynamiques. Les zones humides sont des zones terrestres qui sont périodiquement inondées ou couvertes d'eau. Il s'agit de la présence d'eau à la surface ou près de la surface du sol (sol engorgé d’eau). Ces écosystèmes peuvent être naturels, tels que les lacs, les étangs, les marais, les marécages, les fleuves, les rivières et les oueds ; ou artificiels, tels que les barrages, les bassins de décantations (stations d’épuration) et les palmeraies (oasis). La nature de l’eau est variable, notamment en ce qui concerne la salinité ; elle peut être douce, saumâtre ou salée. D’autre paramètres entrent dans la typologie des zones humides, comme la profondeur, la vitesse d’écoulement et la position géographique. Il existe aussi des zones humides particulières, telles que les gueltas (Hoggar et Tassili), les mangroves et les estuaires.

Quel est leur intérêt pour l’environnement ?

Les zones humides offrent des services environnementaux divers, notamment la réduction des risques d’inondation et l’atténuation de la sévérité des climats (température, vent, etc.). Elles abritent une biodiversité importante, représentée surtout par une végétation particulière (hygrophile et halophile) et une faune diversifiée. Cette dernière est composée d’oiseaux, de mammifères, d’amphibiens, de reptiles et de poissons. On trouve même des macro invertébrés, des champignons et des lichens. Beaucoup de bio indicateurs informent sur l’état des zones humides, parmi les plus visibles et répandus les oiseaux d’eau. Les zones humides sont parmi les milieux les plus productifs du monde. Elles sont le berceau de la diversité biologique.

Quelles sont les richesses qu’on y trouve en Algérie ?

En Algérie, la diversité des zones humides (lacs, marais, marécages, oueds, chotts, sebkhas, gueltas, barrages, stations d’épuration et oasis) implique une richesse importante et variée.

De combien de zones humides dispose l’Algérie ?

L’Algérie compte près de 2400 zones humides, dont 2000 sont naturelles. On a pu classer 50 dans la convention de Ramsar (zones humides à importance internationale) couvrant une superficie avoisinant 3 millions d’hectares. Ce recensement reste toujours imprécis, parce que chaque année nous observons l’apparition de nouvelles zones humides (ruptures au niveau des collecteurs de drainage, construction de nouveaux barrages et de stations d’épuration ainsi que la remontée des eaux de la nappe phréatique) et la disparition d’autres (assèchement, drainage, etc.).

Avons-nous une cartographie de ces zones ? Sinon, serait-il utile d’en faire ?

La cartographie des zones humides est indispensable pour évaluer et conserver ce patrimoine si précieux. Malheureusement on n’a pas encore pu cartographier toutes les zones humides nationales et nous nous sommes limités aux zones humides d’importance internationale (selon la convention de Ramsar).

Malheureusement, les zones humides restent parmi les écosystèmes les plus menacés du monde. Pourquoi ?

Vu les productions offertes par ces écosystèmes, la pression est énorme, ce qui induit une fragilisation de ces espaces et les rendent vulnérables.

Selon vous, est-il nécessaire de mettre en place une stratégie pour les protéger ?

Les stratégies existent, nous pouvons citer les plans de gestion préparés par les services des forêts mais qui demandent une application effective et un suivi rigoureux.

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