Des dizaines de transporteurs en commun assurant différentes lignes à Boumerdès ont observé un arrêt de travail, dans la matinée du dimanche 12 novembre 2023, en signe de protestation contre l’obligation de payer une somme de 3 570 DA/mois contre d’utilisation de la nouvelle station de bus du chef-lieu de wilaya.
Cette action imprévisible a provoqué la colère de centaines de voyageurs, restés bloqués pendant plus de deux heures à attendre un hypothétique moyen de transport pour pouvoir rejoindre leur destination. « Il n’y a aucune raison de ne pas s’acquitter de cette imposition. Ces transporteurs doivent savoir que le gestionnaire de la station est une entreprise publique qui a beaucoup de dépenses à faire pour assurer la propreté et l’entretien des lieux », martèle un voyageur.
Les transporteurs, eux, avancent plusieurs arguments pour justifier leur mouvement. « Tous les produits ont connu des augmentations de prix ces dernières années sauf les tarifs de transport. Nous aussi avons beaucoup de charges. Les prix des véhicules et des pièces ont triplé en plus ils ne sont pas toujours disponibles sur le marché.
Un bus Coaster fait plus d’un milliard de centimes et un Hyundai Higer coûte le double », se défend un chauffeur de bus assurant la ligne Boumerdès-Bordj Menaiel. Contacté, Brahim Ould El Amri, secrétaire général de l’UNTA (union nationale des transporteurs algériens), souhaite que les contestataires reviennent à de meilleurs sentiments. « La somme de 3570 DA a été décidée en commun accord avec la direction du transport et les responsables de Transib, le gérant de la station. Si cette gare avait été cédée à un privé, la somme aurait été double ou triple », estime-t-il, ajoutant que les transporteurs font face à d’énormes difficultés. Il cite les diverses charges découlant de leur activité, l’impossibilité de céder la ligne à un héritier ou d’acquérir un véhicule plus âgé que celui qui était déjà en exploitation. Il insiste aussi sur la nécessité de modifier la loi 01-13 qui punit les transporteurs pour les infractions commises par les receveurs et les chauffeurs de bus.
A rappeler que la nouvelle station de bus de Boumerdès a été inaugurée le 1er Novembre dernier. Sa réalisation a coûté plus de 14 milliards cts au Trésor public.
Sa gestion a été confiée de gré à gré à Transib à l’issue d’une convention avec l’APC de Boumerdès pour laquelle elle doit verser 15% des bénéfices, indique un élu. Il faut souligner que pas moins de 600 transporteurs transitent journellement par cette infrastructure. Il faut dire que Boumerdès est l’une des rares wilayas du pays à ne pas disposer d’une gare routière digne de ce nom. Auparavant, les voyageurs et les transporteurs côtoyaient un terrain vague dépourvu des moindres commodités.
Ce problème subsiste encore dans plusieurs grandes villes de la région. L’autre préoccupation des voyageurs est la vétusté des bus. Un récent rapport sur le secteur révèle que 70% du parc transport de la wilaya, soit 1952 véhicules, dépasse 15 ans.