Manquant d’encadrement, des communes n’arrivent pas à consommer les budgets qui leur sont affectés.
La machine du développement semble grippée dans plusieurs communes de la wilaya de Boumerdès. Le bilan de l’exercice 2021 révèle qu’aucune Assemblée populaire communale n’a dépassé 60% du taux de consommation du budget qui lui est alloué par l’Etat, a-t-on appris de source officielle. La stagnation touche plusieurs secteurs. Plus de 80 parmi les 95 projets inscrits au profit du secteur de l’éducation afin de pallier le problème de la surcharge de classes tardent à voir le jour.
La prochaine rentrée scolaire risque d’être très difficile dans tous les paliers. Les blocages concernent 62 écoles primaires, 9 lycées et 11 CEM dont certains datent du plan quinquennal 2010-2014, ajoute notre source. Aussi, plus de 140 opérations d’extension prévues dans les écoles primaires en proie à la saturation connaissent des retards dans la réalisation. Beaucoup ont été confiées aux Assemblées élues, mais ces dernières semblent submergées face aux besoins grandissants des populations.
Dépourvues d’encadrement, certaines communes comme Khemis El Khechna et Boumerdès dorment sur des dizaines de milliards de centimes, alors que d’autres ne trouvent pas de quoi payer Sonelgaz ou Madinet, l’entreprise de collecte d’ordures.
A Ammal, rien ne peut être entrepris sans l’aide de la Wilaya ou du CSGCL (ex-FCCL). «On ne peut rien face aux réclamations de nos administrés. Il y a trois mois, nous avions proposé la réalisation de 58 opérations pour un montant de 120 millions de dinars. La Wilaya a fini par nous accorder 30 millions de dinars dans le cadre du PCD», dira un élu qui se plaint de la détérioration des routes et du faible taux de raccordement au réseau d’assainissement dans plusieurs villages. Selon lui, même le programme d’extension du réseau électrique patine. «Il y a au moins 150 nouvelles habitations qui attendent depuis des années d’être branchées au réseau» souligne-t-il.
A Beni Amrane, une commune comptant plus de 30 villages, les réclamations liées au manque de couverture sanitaire, d’écoles, de transport et au mauvais état des routes reviennent sur toutes les langues.
Là aussi, l’APC n’a pas assez de marge de manœuvre. «Nous avons établi une vingtaine de fiches techniques. Notre souhait est de réaliser un petit projet dans chaque village, mais la Wilaya a accepté 5 propositions uniquement», déplore un élu, ajoutant que 7 écoles de la commune ne sont pas dotées de cantines. En dépit des instructions du Président, 240 autres écoles de la région en sont dépourvues.
Dans le secteur du logement, les ratages se succèdent. Le dernier rapport de l’APW fait état de 17 projets englobant 2851 logements (sociaux) dont les travaux sont bloqués ou n’ont pas encore démarré.
Les familles mal-logées dont plus de 2000 occupent encore des chalets, ne savent plus à quel saint se vouer. Idem pour les 8418 postulants au LSP/LPA dont la quasi-totalité des chantiers sont à la traîne.
Même le secteur de la santé n’a pas guéri de ses maux. Là aussi, les bonnes annonces s’enchaînent mais la réalisation ne suit pas. «Cela fait des années qu’on parle de projets d’hôpitaux à Khemis El Kechna et Boudouaou et de polycliniques à Bordj Ménaiel, Larbatache, Figuier, Boudouaou El Bahri. On n’a encore rien vu. Si on met trois ans pour trouver un terrain ou faire une étude, on ne pourra pas développer cette wilaya», s’offusque un retraité du secteur. L’investissement industriel, l’une des priorités des pouvoirs publics, reste otage des vieux réflexes.
Plus de 2500 dossiers sommeillent encore dans les tiroirs de la direction de l’Industrie. Leur examen est suspendu à la promulgation de la nouvelle loi sur l’investissement en attente depuis janvier 2019, suscitant le désarroi des porteurs de projets et de milliers de jeunes en quête d’emploi.