Une rencontre initiée par l’Union des paysans algériens a permis d’établir un état des lieux de l’irrigation dans une région à vocation agricole par excellence.
Confrontés à une myriade de difficultés, les agriculteurs de l’est de la wilaya de Boumerdès se sont réunis au début de cette semaine à la salle de cinéma de Baghlia pour débattre des problèmes liés à l’irrigation. Initiée par l’Union nationale des paysans algériens (UNPA), la rencontre a été saluée par plus d’un et permis de dresser un véritable diagnostic sur la situation de l’hydraulique agricole dans cette région agricole par excellence.
Cette partie de la wilaya compte trois barrages d’irrigation, mais ils sont sous-exploités par les agriculteurs en raison de l’absence de conduites, d’accès, de stations de pompage et d’équipements. Un agriculteur de Naciria s’étonne du fait que le barrage de Chender, réalisé dans les années 1970, ne soit d’aucune utilité pour les exploitants des terres alentours.
«Le réseau d’irrigation réalisé en aval du barrage a été saccagé depuis plusieurs années par une entreprise privée. Les autorités n’ont rien fait pour le réparer», s’indigne-t-il. Un autre intervenant souligne que même les conduites rénovées en 2012 pour arroser une superficie de 260 ha n’ont jamais été mises en service à cause des fuites et les retards enregistrés pour l’installation des réducteurs de pression.
«L’année passée, le manque de pluviométrie et l’assèchement de nos puits a contraint beaucoup d’entre nous d’acheter de l’eau pour irriguer nos champs», relate-t-il en invitant les députés et les responsables présents dans la salle à transmettre leurs préoccupations aux services concernés. Les paysans de Cap Djenet se plaignent, quant à eux, de la détérioration de l’état des pistes menant au barrage de Ben Ouali.
«L’Etat n’a rien fait pour nous. La route de Hemadna a été aménagée à maintes reprises avec nos propres moyens alors que la moindre des choses est d’envoyer des engins de l’APC ou de la DTP pour la niveler et la rendre praticable pour nos tracteurs et camions », s’écrie un viticulteur.
Aléas administratifs
Le représentant de l’hydraulique rappelle que la législation encourage les irrigants à se constituer en association pour pouvoir participer à la gestion des barrages. L’exemple en a été donné par les éleveurs laitiers de Baghlia et ses environs dont le mode d’organisation a prouvé son efficacité à toute épreuve. Profitant de la même occasion, d’autres paysans ont réclamé l’allégement des procédures d’achat des engrais dont le prix est passé récemment de 7000 à 15000 DA/q.
«Comment peut-on améliorer le rendement alors que les cartes fellahs sont délivrées au compte-gouttes ? Pourquoi doit-on aller jusqu’à Boumerdès pour obtenir le document exigé pour l’achat de l’engrais quand on sait que le fellah n’a pas le temps pour les démarches administratives.
Avec toutes les tracasseries, on nous fait escorter par la gendarmerie et nous sommes obligés d’utiliser l’engrais dans les 24 heures. Si cela était justifié au temps du terrorisme, ça ne doit plus être le cas aujourd’hui», martèle un jeune désabusé.
A Sidi Daoud et Sahel Bouberak, c’est le phénomène de la salinisation qui inquiète les paysans. «Nous sommes des dizaines à irriguer à partir de l’oued Sebaou. Nous n’avons pas d’autres choix, car le barrage de Hamrouna est envasé et n’est doté d’aucun équipement. Aujourd’hui, même la réalisation des forages est soumise à des conditions draconiennes», déplore un autre exploitant terrien.
Avant de renchérir : «Les eaux de nos puits sont salées parce qu’on a rien fait pour stopper l’avancée des eaux de la mer. Où sont les digues promises par l’Etat pour stocker l’eau de pluie et nous permettre d’arroser nos champs ?»