Le taux de récupération des déchets dans les Centres d’enfouissement technique reste très faible.
Valorisés sous d’autres cieux, les déchets représentent un créneau lucratif dont on ne tire pas profit en Algérie. Le tri sélectif des déchets revient comme un leitmotiv dans le discours des responsables en charge du secteur de l’environnement, mais ce vœu ne trouve pas de prolongement dans les faits.
Dans la wilaya de Boumerdès, le volume des déchets traités reste insignifiant. En 2022, il a été récupéré 4262 tonnes au CET de Corso et 350 tonnes à Zaâtra, soit un taux global de moins de 2%. Dans les années précédentes, la moisson était nettement mieux.
S’agissant des déchets récupérés, le polyéthylène téréphtalate (un composé plastique issu de l’industrie du pétrole) vient en pole position avec plus de 2300 tonnes, suivi par le carton, le PEHD, le film plastique, le fer, etc.
Mais ces maigres performances ne sont pas surprenantes. Géré par Madinet, le CET de Corso est doté dès le but de deux centres de tri. Néanmoins, l’un fonctionne à 50% de ses capacités, tandis que l’autre a pris feu en 2021 et n’a depuis jamais été réparé, précise un employé du site.
Au lieu de remédier à ce problème, l’administration a préféré la solution facile, celle de confier le tri et la récupération à des entreprises privées. Un marché lucratif où tout le monde trouve son compte. Sauf, peut-être, les pauvres ouvriers qui fouillent à longueur de journée dans les décombres à la recherche de plastique ou autre objet de valeur à vendre à leur employeur en contrepartie de quelques dinars. A Zaâtra, le CET n’a pas été conçu pour assurer le tri.
La priorité étant de trouver où «stocker et cacher» les ordures des communes de l’est de la wilaya. Cela se passe au moment où d’autres pays excellent dans les techniques de compostage vert et autres procédés garantissant le développement durable et la protection de l’environnement. Il faut dire que le tri nécessite l’implication de plusieurs acteurs, tels que les comités de village, les associations, les collectivités locales, etc.
L’année passée, un responsable de la direction de l’environnement a évoqué le manque de moyens. «Pour le moment, on n’a pas les moyens pour doter les villes de bennes de tri sélectif ; sachant qu’il en faut quatre (verre, papier, organique et plastique) pour chaque pâté de maisons», a-t-il argué.
Le même responsable avait alors annoncé une opération de réalisation d’un dispositif de tri sélectif pour un montant de 50 millions de dinars dans le cadre du FNEL, le Fonds national de l’environnement et du littoral.
Selon lui, une autre enveloppe financière de 100 millions de dinars était prévue aussi dans la perspective de la généralisation du tri et l’éradication des décharges sauvages. Rien de tout cela n’a été réalisé sur le terrain.
Cela dit, il n’est jamais trop tard pour rattraper le coup. Le créneau suscite beaucoup d’intérêt de la part des opérateurs privés. Au moins 79 entreprises activent dans ce créneau, dont 32 récupèrent divers déchets et 8 autres que du plastique. Plusieurs d’entre elles ont réussi là où Madinet, le premier collecteur de déchet de la wilaya a échoué.