Fella Andaloussia d’Alger, invitée d’honneur, en fait partie. Elle, qui allait au secours des femmes en détresse, a publié un recueil de poésie et a signé son premier roman Kamila, un volcan de sentiments !. Mehdi Berkani d’Oran, lui, après des balbutiements poétiques, s’est tourné vers le polar politique, La danse des serpents, dénonciateur des pratiques terroristes des sionistes israéliens.
Et puis, Inès Hayemani, dont le baptême poétique était le clou des retrouvailles de ce cercle de poètes sous l’impulsion de Mme Alioua Fadela, Maîtresse de cérémonie «pour la circonstance de l’inauguration de son café littéraire amateur à Boumerdès», précise-t-elle modestement. Etaient également présentes Mme Nadia Bourahla, dame très affable initiatrice d’un café littéraire à Blida et d’autres présences féminines aux talents artistiques prouvés ou aux liens familiaux proches du produit de la pensée.
Pour la plupart, un dénominateur commun les avait prédestinés à se rencontrer : l’action caritative. Le désintéressement, le don de soi et l’amour des autres, leurs prochains. Ces anonymes qui souffrent en silence d’une maladie incurable ou chronique, d’une nécessité matérielle ou encore d’une assistance particulière.
Leur sensibilité à fleur de peau les a naturellement orientés vers le difficile pari de réussir l’alchimie entre la bienfaisance active et l’écriture révélatrice. D’ailleurs, la vocation de l’atelier de Mme Alioua l’exprime on ne peut mieux : «Art Thérapie ». Tout un programme qui baigne l’artistique dans l’humanitaire. Il est question d’y recevoir des enfants et des adultes.
Des personnes à besoins spécifiques et d’autres versées dans l’art ou dans l’artisanat, dans le sens le plus large sans restriction aucune. A travers des travaux manuels, des activités créatifs et des apprentissages adaptés, le dessin, la peinture, la Mandala (entre l’artisanat et l’art africain), la mosaïque, la pâtisserie et l’innovation de la pensée ou de la dextérité manuelle attirent les talents pour leur dispenser une formation, un encadrement, une orientation. Mme Fadéla A. le résume simplement mais efficacement : «Chacun a sa valeur-ajoutée.»
Elle-même expose dans son atelier Alioua-Art quelques-uns de ses travaux de Mandala et d’objets décoratifs pétris dans l’argile. Sa fillette a également un tableau esquissé de ses mains délicates de diabétique où figure le symbole de l’amitié qui l’emporte sur la solitude. Elle avait été rejetée par ses camarades parce qu’elle portait un signe apparent de sa maladie. Le pictural au service de la thérapie est un traitement prouvé scientifiquement.
De cette expérience familiale va naître « Le café littéraire» qui se veut un espace de rencontres et de discussions conviviales autour de quelques confiseries sirotées au gré des goûts. Au double sens littéral et connotatif. Dans une atmosphère conviviale, Inès Hayemani, en première égérie, entame, à 23 ans, une déclamation du premier poème de son recueil : Adieu. La douleur de la séparation avec un être cher transparaît.
Elle a perdu son père en 2020 ; emporté par un cancer. Elle compte verser l’intégralité de la vente de son recueil de poésie Métamorphose au bénéfice des cancéreux. Au dos de la jaquette, on peut y lire :
Lueur d’espoir d’un soleil ardent
Paroles oubliées d’un cœur blessé
Quelques paroles d’un esprit somnolent
Une porte condamnée des souvenirs du passé
Je vous invite à vous regarder dans ce miroir
Des influences littéraires et des invitations au voyage qui entremêlent des réminiscences de lectures d’œuvres de Kafka, d’Apollinaire, Rimbaud et Baudelaire. Lectures écriture. Mais aussi «Lectures Solidaires». Les autres membres du cercle accompagnent la déclamation d’un morceau choisi de l’achat du recueil dédicacé de cette poétesse en herbe révélée à ses paires. Gestes nobles. L’écrit au service de l’humanitaire
. La pensée ressentie figée dans du scriptural à valeur bonifiée. En fait, cet atelier et son café littéraire risque fort de bouleverser positivement le paysage culturel de Boumerdès mortifiée entre le folklorique et le déjà vu dans une conjoncture de confinement anesthésiante. Enfin, un bol d’air vivifiant.