La nature a offert à la wilaya de Bouira des sites touristiques de très haute valeur. Cette région du pays qui, au lieu d’amorcer une dynamique de développement en s’appuyant sur l’activité écotouristique est, malheureusement, confinée dans la léthargie. Les raisons sont multiples. Pourtant, les potentialités que recèlent les localités, pouvant générer des emplois et fixer les populations, sont restées depuis des années non exploitées. Malgré ses immenses étendues, la wilaya de Bouira n’arrive toujours pas à développer son tourisme local. Pourquoi ?
Une question qui revient régulièrement à l’esprit. Avec la crise économique touchant le pays, fragilisant, au passage, les budgets de fonctionnement des collectivités locales, il est urgent de mettre en avant une véritable stratégie d’investissement créatrice de richesses et d’emplois. Avec des centaines de kilomètres d’itinéraires de découverte écotouristique, la mise en valeur de cette activité est aussi une nécessité. Privilégiant l’information des visiteurs sur la nécessité de préserver les milieux naturels, l’écotourisme est une activité organisée généralement en groupes restreints, car il est défini par l’Organisation mondiale du tourisme en tant que tourisme responsable. C’est un moyen de développement local et contribue d’une manière positive et équitable à l’épanouissement des individus qui vivent dans le milieu naturel. Chaque localité a sa spécificité. Outre cette diversité en matière de richesses naturelles, les trois barrages hydrauliques réalisés dans la wilaya de Bouira sont aussi une opportunité pour l’implantation de petits projets touristiques.
Pour Amar Nait Messaoud, expert forestier à la conservation des forêts, ces sites artificiels, dignes d’une valorisation à caractère touristique, «garnissent aussi cette nature dans laquelle ils s’incrustent harmonieusement. Il s’agit des lacs des barrages hydrauliques : Koudiat Acerdoune, Oued Lakhal et Tilesdit.
Ce dernier prend place dans un endroit stratégique- le piémont du Djurdjura, juste en-dessous du site de Tikjda avec lequel il constitue un continuum de circuit touristique», dit-il. La forêt de la wilaya de Bouira, occupant avec ses différentes strates et variantes une superficie de 122 250 hectares, offre également des opportunités immenses en matière de circuits touristiques.
Potentialités inexploitées
La diversité botanique et faunistique ainsi que les cédraies de Taouialt, Tikjda, Lalla Khedidja et Aghabalou, jusqu’au barrage vert en milieu steppique des communes de Dirah et Sour El Ghozlane, en passant par les belles pinèdes naturelles d’Ath Laksar, Oued Okhris, Ksenna et la dorsale de chêne vert du Titteri (Dechmia, Raouraoua, Ridane), qui s’étale devant le visiteur, ne manque pas de constituer un élément attractif de taille. En outre, un élément valorisant de façon exceptionnelle la pinède d’El Hachimia à Oued El Berdi s’incruste dans ce bel ensemble naturel. «Les tentatives d’instaurer une véritable attractivité des différents sites se sont, jusqu’ici, soldées par des aménagements approximatifs, voire archaïques, qui sont loin de refléter les véritables potentialités des lieux.»
Le Djurdjura représente un grand vecteur de développement dans le secteur du tourisme de montagne. Plus d’une cinquantaine d’itinéraires touristiques rien que pour les trois massifs de Haîzer, l’Akouker et le mont de Lalla Khelidja récemment identifiés par le Parc National du Djurdjura (PND) permettent aux adeptes des randonnées pédestres et de découverte de la nature de visiter plusieurs sites attractifs. En plus de cette opportunité, divers sports de montagne pourraient également être pratiqués, selon les saisons, comme l’alpinisme.
Du côté de Guerrouma, tout comme à l’extrême sud de la wilaya, des villages abandonnés qui enregistrent un retour massif des populations peuvent aussi devenir une destination pour les touristes. Dans sa stratégie à long terme, le Parc National du Djurdjura prévoit la création de 28 sites d’accueil intégrés.
Comment les pouvoirs publics trouveront des formules de financement ou de subventions, à même de soutenir cette volonté émanant des populations intéressées par des créneaux novateurs et créateurs d’emplois et de richesses ? La question se pose dans le contexte de la crise économique et son lot de chômage et de recul du pouvoir d’achat qui frappe de nombreuses catégories de la population.