La figue, ce fruit de la saison estivale et automnale se fait de plus en plus rare à Bouira. La récolte ayant commencé il y a un mois de cela, a été en deçà des attentes. Pourtant, lors des années précédentes, l’Algérie a été classé comme le troisième plus grand producteur de figues dans le monde.
Dans la région d’Aghbalou, au nord-est de Bouira, réputée pour la qualité de ses figues et l’abondance de sa production, c’est la déception. «C’est une saison catastrophique. Je ne fais de cueillette qu’une fois par semaine pour une médiocre récolte, alors qu’auparavant, je la faisais quotidiennement en remplissant plusieurs paniers. Nous partageons le peu de fruits avec les oiseaux affamés», déplore un figuiculteur de Takerboust, dans la commune d’Aghbalou.
Quant à son prix de la figue sur le marché, il varie selon la qualité, entre 400 et 700 DA le kilo. Différents facteurs sont derrière la baisse de la production. Entre autres, la coulure ou la chute prématurée des fruits, observée partout dans les vergers de la wilaya. «Ce processus démarre à partir du mois de juillet. Les causes de ce phénomène sont nombreuses. Les premières sont la sécheresse prolongée et la hausse considérable des températures. Même si le figuier est un arbre rustique qui peut résister à des températures allant jusqu’à -11°, il demeure qu’il est sensible aux fortes chaleurs.
Le stade optimal du développement du fruit du figuier varie entre 32° et 37°. Au-delà, le fruit chute avant maturation. Le stress hydrique est aussi un facteur responsable dans cette régression de la production. Il faut savoir qu’en été, un figuier a besoin d’un apport en eau chaque 8 jours. Or, la plupart de nos figuiers sont rustiques et les figueraies se trouvent dans des zones de montagnes.
Ce qui complique davantage l’opération d’irrigation à cause du manque de la ressource hydrique», explique Hamimi Azouz, ingénieur d’Etat en protection des végétaux, et d’ajouter que les deux phénomènes ont engendré un dépérissement des figuiers et une régression des superficies qu’occupaient cet arbre ancestral.
Notre interlocuteur évoque aussi un ensemble de maladies, champignons et parasites touchant le figuier, notamment le redoutable parasite appelé la cochenille du figuier. «Ce ravageur se fixe sur les branches et les feuilles du figuier et se nourrit de sa sève. Ce qui conduit à l’apparition de la fumagine et le dépérissement de l’arbre. Nous avons aussi la maladie dite la mosaïque de figuier, la tache foliaire, le rosellinia necastrix, etc., qu’il faut traiter efficacement pour éviter la perte des vergers», détaille l’ingénieur.
Utilisation déraisonnée de produits phytosanitaires
Quant à la pollinisation du figuier ou la caprification, elle est assurée par un minuscule insecte appelé le blastophaga. Cependant, l’utilisation démesurée et irrationnelle des produits phytosanitaires conduirait à la disparition de cet insecte bénéfique, prévient notre interlocuteur. «Nous avons aussi remarqué un manque de caprifiguiers ou figuier mâle, appelé communément Dokkar, dans les vergers.
Ce qui aura un impact négatif sur la pollinisation et l’abondance de la production. En outre, l’usage effréné des engrais, tel l’azote, favoriserait la croissance de la structure de l’arbre au détriment de la fructification», note M.
Azouz qui lance un appel aux figuiculteurs et fruiticulteurs en général, à adhérer et bénéficier des différents programmes étatiques et des aides visant la reconstitution des vergers rustiques.