Blocages à l’ETRAG de Constantine : Le ministère de l’Industrie pointé du doigt

09/12/2023 mis à jour: 04:03
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Les tracteurs importés sont plus chers que ceux produits localement

Le dossier de l’Entreprise nationale des tracteurs agricoles de Oued Hamimime (ETRAG) dans la wilaya de Constantine, l’un des fleurons de l’industrie mécanique en Algérie durant les années 1970-1980, a été rouvert, jeudi, par le wali de Constantine, Abdelkhalek Sayouda. 

Ce dernier a pointé du doigt le ministère de l’Industrie, principal responsable des blocages dans lesquels se trouve embourbée cette entreprise depuis des années. «J’ai reçu le directeur général de l’ETRAG, avant-hier (mardi, ndlr) et il m’a donné la véritable image du problème et m’a tout expliqué. Il s’agit d’un problème insoluble qui a été provoqué par le ministère de l’Industrie à travers le cahier des charges et autres», a-t-il répondu à la question de Abdelkader Meziani, président de la commission de l’agriculture de l’APW de Constantine, au sujet des problèmes de cette entreprise, lors de la 4e session de l’APW.  L’ETRAG est en proie à d’énormes difficultés financières. Elle est lourdement endettée. 

Des centaines de travailleurs ont débrayé suite au non-versement des salaires du mois de novembre. Ils menacent de marcher sur la ville de Constantine, si le blocage persiste. «Il y a eu, à la fin de la semaine dernière, un virement d’un salaire complet pour les employés et un virement de 70% du salaire pour les chefs de service et de département», a souligné une source de l’ETRAG.  «Au début, j’ai cru qu’il était question de salaires, mais le problème est plus profond. 

C’est incroyable ; comment le tracteur, qui est un symbole de l’industrie algérienne, est soumis à un nouveau cahier des charges. On doit refaire un dossier pour avoir de nouvelles machines et on a interdit l’importation de certains composants du tracteur. Sachant que le taux d’intégration est à 60% (des pièces algériennes composant le tracteur). 

C’est une bonne chose, sans oublier le partenariat avec les Américains. En 2023, l’entreprise a été privée d’importation. C’est cela le problème et je l’ai pris en charge», a révélé le wali de Constantine. Ce dernier a rappelé que l’ETRAG produisait, il y a quelques années, 5000 tracteurs par an et maintenant elle est à seulement  300 unités. 

Un dossier à soumettre au Premier ministre

Selon le wali de Constantine, un dossier complet et détaillé est en cours d’établissement pour être soumis au Premier ministre. 

Ce responsable a jugé inadmissible de tout supprimer et demander à cette entreprise inaugurée en 1973  de repartir à zéro. Les choix du ministère de l’Industrie ont été remis en cause. « Quand les ministères de l’Industrie et des Finances ont permis dans la loi de 2023 l’importation de tracteurs, certains agriculteurs se sont rendus en Europe. Ils ont constaté que le tracteur là-bas est plus cher qu’un tracteur Cirta neuf fabriqué ici. 

En plus, il n’y avait pas la pièce détachée, vu que ces tracteurs de l’étranger sont de l’ancienne génération. Les agriculteurs n’ont pas acheté. Le tracteur de marque Cirta est très demandé, à travers lequel on peut développer l’agriculture saharienne», a-t-il souligné. 

Pour rappel, les problèmes de l’ETRAG remontent à 2015, avec la signature d’un partenariat avec la firme Massey Fergusson. «Il n’y a eu aucun transfert de technologie et le partenariat n’a pas aidé dans l’investissement des machines. Le taux d’intégration est de 0%. Il n’y a pas eu de formation. 

Ce partenariat a permis l’intégration des étrangers dans le marché national à travers notre subvention. De faux rapports sont adressés à la tutelle sur notre situation», a déclaré une source de l’ETRAG, appelant à l’ouverture d’une enquête.  Le problème des salaires n’a jamais été réglé. 

Le nombre de travailleurs est passé de 1800 en 2012-2013 à 900 personnes aujourd’hui. «Les recettes de l’ETRAG sont destinées au paiement des employés de nos partenaires et non pas à la relance de notre industrie et la création des postes d’emploi», a conclu notre source. 
 

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