Blida : Noureddine Tchambaz, première victime de la Covid-19

12/03/2023 mis à jour: 00:55
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Le 11 mars 2020, l’Algérie recensait, à Blida, le premier décès officiel lié à l’épidémie de la Covid-19. Noureddine Tchambaz, car c’est de lui qu’il s’agit, a ouvert le bal à une série quotidienne de décès, endeuillant une dizaine de milliers de familles à cause d’un virus mortel et méconnu. 

Trois ans après sa tragique disparition à l’âge de 67 ans et à J-4 du jour de son anniversaire, sa famille se souvient de ce jour fatidique. «C’était vraiment dur pour nous, car non seulement, on avait perdu un être cher et irremplaçable, mais tous les regards accusateurs étaient braqués sur nous. Nous étions mal vus, comme si c’était nous la cause de l’épidémie», raconte sa fille aînée, la gorge nouée et les larmes aux yeux. 

«Malheureusement, les gens évitaient même les alentours de notre maison, même le trottoir... pensant qu’on était la source de l’épidémie et qu’il fallait prendre les distances avec nous», a-t-elle ajouté. Tout a commencé un certain 28 février 2020, le jour où une cérémonie de mariage a été organisée dans la ville des Roses et regroupant plusieurs grandes familles de cette ville. La famille Tchambaz figurait parmi les conviées. «Pour vous dire qu’on ressentait déjà une fatigue soudaine à l’intérieur de la salle, accompagnée après par des problèmes respiratoires. Les tisanes ne servaient pas grand-chose», se souvient l’épouse du défunt, pensant à l’époque qu’il s’agissait d’une grippe. Mais l’état de leur santé s’est détérioré et le virus s’est propagé à la maison quelques jours après. Dix jours après, le chef de famille est victime d’un malaise. Résistant et ne voulant surtout pas abdiquer face à «l’étrange» maladie, il décide alors d’aller à l’hôpital... à pied. Nous sommes le 10 mars 2020. L’opinion publique est toujours confuse et le coronavirus n’est toujours pas bien compris par la population. 

Une fois admis à l’hôpital, le compte rendu médical de ce dernier révèle que Noureddine Tchambaz souffrait d’hypoxie, soit un manque flagrant d’apport en oxygène au niveau des tissus de son organisme. Le taux de saturation en oxygène était descendu à 31% seulement, ce qui a rendu son cas grave. 

Malheureusement, même s’il était de bonne santé et ne souffrant d’aucune maladie chronique, il décède le lendemain et est enterré le 12 mars. «L’Institut Pasteur a confirmé sa contamination à la Covid-19 le jour de son enterrement !», précise sa famille. Endeuillée et effondrée psychologiquement à cause de certains regards malveillants, la famille Tchambaz est appelée à faire face à une deuxième dure épreuve, celle de son isolement à l’hôpital de Boufarik. «Une fois décédé, et en plein deuil, on a voulu nous interner d’office à l’hôpital, au service infectieux, alors que mon époux n’était même pas enterré et que le deuil était à son paroxysme. C’était vraiment dur...», regrette son épouse. 
 

Campant sur leur position, ce n’est qu’après son enterrement que sa famille a accepté l’internement. «Nous avons fait notre deuil à l’hôpital, enfermés et surtout victimes des préjugés. C’était sans doute l’une des pires épreuves de notre vie. Heureusement que notre foi en Dieu atténuait nos souffrances», conclut la fille de la victime. Aujourd’hui, même si la famille  Tchambaz de Blida semble accepter son sort, il n’en demeure pas moins que les séquelles de ce qu’elle a enduré au début de l’épidémie sont toujours présentes. 

Enfin, et après ce premier drame, les nouvelles concernant les décès dûs au coronavirus connaissaient une courbe ascendante et inquiétante, à Blida puis partout en Algérie. Les chiffres officiels des décès étaient loin de refléter la réalité du terrain, puisqu’un nombre très important de victimes, ayant succombé au virus, n’étaient pas comptabilisées, car n’ayant pas subi les tests PCR. 

Selon le bilan du ministère de la Santé du jeudi 9 mars 2023, le total des cas confirmés dans notre pays était estimé à 271  496 cas. Et le nombre officiel des décès était de 6881.

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