Élaboré au début des années 1990, le code de déontologie médicale mérite d’être actualisé pour mieux répondre aux changements qu’à connu notre pays durant trois décennies et pour qu’il ne soit plus en déphasage avec les mutations mondiales dans tous les domaines.
Pour l’exemple, la généralisation de l’Internet ainsi que l’utilisation, à grande échelle, des réseaux sociaux font que certains médecins utilisent ces technologies de l’information et de la communication à des fins publicitaires, alors que cela est banni par la déontologie médicale. Profitant d’un vide dans les textes, des praticiens de la santé n’hésitent pas alors à ‘’exhiber’’, à la masse, leur compétence, les moyens matériels qu’ils disposent, la situation et adresse de leur cabinet, et ce afin de ‘’décrocher’’ de nouveaux clients. En 1992, le code de déontologie ne mentionnait pas la publicité sur les réseaux sociaux, puisque ces derniers n’existaient pas encore. Le code ne mentionnait que les médias classiques connus à l’époque. Du coup, c’est la loi de la jungle qui semble prendre le dessus à cause de l’absence de texte par rapport à l’utilisation des réseaux sociaux à des fins commerciales.
Lors de la 11e Journée scientifique de déontologie et de l’éthique médicale du conseil de l’ordre des médecins de la région de Blida, organisée samedi dernier, la professeur Keltoum Messahli, spécialiste en médecine légale, a carrément tiré la sonnette d’alarme sur des pratiques pas du tout orthodoxes. «Il faut le dire, l’éthique régresse. Nous constatons une flagrante atteinte à l’éthique et à la déontologie médicale à travers les réseaux sociaux et dont les acteurs sont...des médecins», a-t-elle regretté.
N’hésitant pas à critiquer ses confrères ‘’sans moralité’’, elle dénonce ce flagrant recours excessif au sensationnel par une catégorie de personnes relevant pourtant de l’élite !
«Une consœur n’hésitait pas à faire un selfie avec un enfant cancéreux avant de partager la photo sur la Toile. D’autres partagent des photos de personnes juste après leur mort pour exprimer leur tristesse en public. C’est inadmissible.»
La conférencière regrette, aussi, le fait que des groupes de médecins sur les réseaux sociaux font surtout dans le sensationnel au lieu de partager des connaissances scientifiques entre collègues et confrères.
D’ailleurs, selon elle, les médecins «ne savent plus écrire à cause du sensationnel et de la passivité intellectuelle engendrés par l’utilisation de Facebook à mauvais escient, ce qui se répercute sur leurs fonctions cognitives».
«Malheureusement, la communauté médicale semble perdre de plus en plus la culture de l’écriture. Elle est démobilisées pour la chose scientifique. Dommage», regrette t’elle encore une fois.