Bidonvilles éradiqués récemment : De nouveaux sites apparaissent

17/03/2022 mis à jour: 21:21
1996
Alger, capitale sans bidonville, une supercherie

Des bidonvilles qui ont été éradiqués récemment ont été reconstruits au vu et au su des autorités, qui font mine de ne rien voir. C’est ainsi que des sites de baraquement s’agrandissent à vu d’œil et d’autres ont été érigés dernièrement, sans que cela ne fasse réagir les pouvoirs publics. 

A Aïn Taya, un bidonville se trouvant sur un sommet de côte, à l’entrée de la ville, tend à déborder sur la chaussée. Les dernières baraques construites, il n’y a pas si longtemps, ont grignoté le peu d’espace restant pour agrandir le site qui est devenu, en l’espace de quelques mois, tentaculaire. Cette métamorphose qui s’est faite graduellement est perceptible à partir de la route. Quant aux domaines agricoles qui sont loin de la vue, le nombre de baraques qui y sont construites illicitement ne cesse de s’accroître. En face de ce sommet de côte qui foisonne de mansardes juxtaposées dans un alignement sinueux, un autre site dissimulé par la végétation dense du lieu, pullule également de baraques. De quelques anciens foyers construits dans les années 1990, le bidonville s’est mu actuellement en un site gigantesque comptant plusieurs dizaine de baraques. Les pouvoirs publics peinent à maintenir une situation assainie. 

Le moindre relâchement dans la vigilance signifie le retour systématique des bidonvilles. Le même constat est a signalé, par ailleurs, à la cité «PLM» dans la commune de Bourouba. En face de l’Ecole primaire Ennadjah, il y a une sorte d’enclos, qui comptait dans le passé des logements de fonction d’une société nationale du nom de «Sneri». Après la dissolution de l’entreprise des indus occupants ont élu domicile dans cet endroit, lui conférant des allures de bidonville. En l’absence de surveillance et de contrôle, le nombre des occupants illicites est passé du simple au double. Aucun espace aussi exigu soit-il n’a été laissé vide. L’endroit est devenu un gigantesque bidonville. A Réghaia, après l’éradication du grand bidonville El Karrouche, un autre bidonville a vu le jour. Il a été érigé dans un domaine agricole se trouvant en face de l’ancien bidonville. Des dizaines de baraques ont été rajoutées au noyau d’habitations qui existaient déjà. Seule la route qui sert d’accès au Houch a été épargnée. 

Des baraques se sont greffées tels des appendices à une ancienne cuve à vin datant de l’époque coloniale, pour s’allonger sur une cinquantaine de mètres à l’intérieur des terres agricoles. Les premiers occupants de ce houch, se sont installés début des années 1980. Ils ont aménagé la cuve en logement habitable. Au début des années 2000, ils se sont constitués en coopérative immobilière. Afin de réaliser leur rêve, ils ont acquis un terrain à la sortie de la ville de Réghaïa. Cependant, leur projet n’a pas abouti, car ils ont été expropriés par les pouvoirs publics au profit d’un autre projet de réalisation de logement. Détenteurs de documents les confortant dans leur position d’uniques propriétaires, ces citoyens se heurtent à la machine infernale de l’administration. Ce genre de situation aggrave le problème de la prolifération des bidonvilles. 

A Dergana, la quasi-totalité des baraques construites en face des immeubles et qui ont été démolies l’année passée, ont été reconstruites dans les mêmes endroits. Pis encore, des commerçants illicites, qui avaient des étals de fortune, ont érigé des commerces en dure, à la place de leurs anciens étals, «c’est une situation inadmissible, car il y va de la crédibilité de l’Etat et de ses institutions. I

l faut impérativement empêcher les bidonvilles de revenir, sinon tout ce que les pouvoirs publics ont fait jusqu’ici n’a servi rien », confie un habitant de la localité de Dergana. 

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