Vingt-cinq jours d’une guerre abominable contre les Palestiniens de Ghaza et aucune voix sensée n’a pu encore imposer un cessez-le-feu pour arrêter le massacre. Tandis que les Etats-Unis et leurs alliés accordent à Israël l’impunité pour commettre des crimes de guerre et que les voix arabes sont inaudibles, l’entité sioniste poursuit son plan macabre dans ce qui ressemble à une seconde Nakba.
Quatre tentatives du Conseil de sécurité de l’ONU pour parvenir à un consensus sur une résolution sur Ghaza se sont révélées infructueuses, soit en raison du veto de membres permanents du Conseil, soit par incapacité à obtenir suffisamment de soutien. Vendredi, l’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement en faveur de l’adoption d’une résolution, appelant notamment à une «trêve humanitaire immédiate, durable et soutenue conduisant à une cessation des hostilités». Mais elle est tout bonnement ignorée par l’Etat sioniste – qu’il qualifie même «d’infamie» – tant il est convaincu de son immunité. Il faut dire que la propagande et la stratégie de communication des Israéliens sont bien rodées.
Cyniques, les responsables israéliens exercent un chantage émotionnel à l’ONU, allant jusqu’à arborer, lundi soir, une étoile jaune (étoile de David, ndlr) prétendant dénoncer «le silence» de la communauté internationale face à ce qu’ils nomment «l’attaque du Hamas». «Certains d’entre vous n’ont rien appris ces 80 dernières années et ont oublié pourquoi l’ONU a été créée», s’est interrogé Gilad Erdan, l’ambassadeur d’Israël à l’Onu, jouant ainsi la carte de la victime pendant que c’est bel et bien Israël qui sème la mort et la destruction dans l’enclave palestinienne.
Ce n’est pas la première fois que les responsables israéliens se donnent en spectacle pour éviter de rendre des comptes sur les crimes qu’ils commettent. Déjà, le 10 novembre 1975, l’ambassadeur d’Israël aux Nations unies, Chaim Herzog, était monté sur l’estrade de l’Assemblée générale des Nations unies et a déchiré avec fracas le texte de la Résolution 3379 (qui décrivait le sionisme comme «une forme de racisme et de discrimination raciale»). L’actuel ambassadeur israélien auprès des Nations unies avait fait un geste similaire le 29 octobre 2021, déchirant le rapport annuel du Conseil des droits de l’homme de l’ONU.
Faut-il rappeler ici toutes les résolutions de l’ONU non respectées par l’Etat sioniste ? De la Résolution 181 du 29 novembre 1947 autour de l’adoption du plan de partage : la Palestine est divisée en deux Etats indépendants, l’un arabe, l’autre juif, et Jérusalem est placée sous administration des Nations unies, à la Résolution 194 (du 11 décembre 1948) autour du droit du retour des réfugiés palestiniens, en passant par la Résolution 237 (du 14 juin 1967) où le Conseil de sécurité demande à Israël d’assurer «la sûreté, le bien-être et la sécurité des habitants des zones où des opérations militaires ont eu lieu», ou encore la Résolution 242 (du 22 novembre 1967) dans laquelle le Conseil de sécurité condamne l’«acquisition de territoire par la guerre» et demande le «retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés», sans oublier la Résolution 636 (du 6 juillet 1989) dans laquelle le Conseil de sécurité demande à Israël, en conformité avec ses précédentes résolutions et avec la Convention de Genève, de «cesser immédiatement d’expulser d’autres civils palestiniens» et d’assurer le retour en toute sécurité de ceux déjà expulsés, et bien d’autres résolutions votées et non respectées par Israël. En commettant de tels crimes durant cette dernière guerre au vu et au su du monde entier, la question de la responsabilité pénale d’Israël devrait être aujourd’hui soulevée.
Le Britannique Karim Khan, procureur de la Cour pénale internationale (CPI), qui s’est rendu, dimanche, à l’unique point de passage de sortie de Ghaza vers l’Egypte, a mis en garde Israël sur ses opérations militaires. Le procureur de la Cour pénale internationale a rappelé à Israël son «obligation» de se «conformer au droit des conflits armés». Karim Khan, qui dit enquêter sur les faits en cours depuis le 7 octobre, a assuré qu’«empêcher l’accès de l’aide humanitaire peut constituer un crime», et que «les écoles, les hôpitaux et les mosquées» sont des sites protégés.
Mais l’entité sioniste, qui a empêché le responsable de la CPI de fouler son territoire, donne l’impression de faire fi de ses investigations. C’est qu’il y a des précédents en la matière. La CPI avait ouvert une enquête en 2021 sur la guerre de 2014 dans l’enclave, et sur la colonisation des Territoires palestiniens occupés, dont Jérusalem-Est, mais les investigations n’ont guère progressé. Israël conteste à la Cour – dont il n’est pas membre – toute compétence. Et le procureur Karim Khan a été épinglé par les Palestiniens pour les lenteurs du dossier.
Les enquêtes de l’Onu n’avancent guère mieux. Les membres de la commission de l’ONU chargée d’enquêter sur la précédente guerre à Ghaza se sont vu refuser l’entrée en Israël, et le gouvernement refuse de coopérer à leurs travaux. Aussi, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, peut-il se permettre aujourd’hui d’exclure tout cessez-le-feu, allant à l’encontre de toutes les règles internationales et mettant à nu un monde dans lequel les condamnations sont à géométrie variable.