Le procès de deux anciens alliés du président béninois Patrice Talon, accusés de «complot contre l’autorité de l’Etat », s’est ouvert hier à Cotonou avant d’être reporté au lendemain, rapporte l’AFP.
Olivier Boko, homme d’affaires influent et ami intime du président béninois Patrice Talon, et Oswald Homéky, ancien ministre des sports, ont été arrêtés fin septembre dans ce petit pays d’Afrique de l’Ouest aux 13 millions d’habitants pour «complot contre l’autorité de l’Etat, corruption d’agent public, et faux certificat ».Trois autres accusés figuraient à leurs côtés. Ils ont tous plaidé non coupables à l’ouverture de l’audience mardi matin à la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet).
A l’ouverture du procès, les avocats de la défense se sont opposés à la constitution du tribunal, composé de trois membres au lieu des cinq habituellement requis. «La loi permet, lorsqu’on n’a pas suffisamment de magistrats, de statuer à trois juges », a soutenu le Procureur spécial. En signe de protestation, les avocats de la défense se sont tous dessaisis du dossier. La cour a alors demandé aux accusés de trouver de nouveaux avocats pour assurer leur défense et le procès a été reporté à aujourd’hui. «Il faut du temps pour que les avocats prennent connaissance du dossier. Autant me condamner en même temps... ce délai n’est pas raisonnable », a déclaré Olivier Boko au tribunal. «Nous ne pouvons accompagner le procès dans une telle irrégularité », a indiqué l’ancien bâtonnier du Burkina Faso, Baadhio Issouf, en charge de la défense de O. Boko et O. Homéky. Il a dénoncé des «irrégularités très graves » et assuré ne pas vouloir «compromettre nos serments et nos robes ». Il a aussi déploré les conditions de détention de ses clients «enfermés 24 heures sur 24 sans possibilité de sortie ».
Ces derniers mois, Olivier Boko a commencé à afficher ses propres ambitions politiques, laissant penser qu’il se porterait candidat à la magistrature suprême en 2026, ce qui aurait déplu à Patrice Talon. Il est soutenu dans cette démarche par l’ancien ministre des sports, Oswald Homéky. Patrice Talon, au pouvoir depuis 2016, arrivera en 2026 au terme de son second mandat, le maximum autorisé par la Constitution. Le président Talon est régulièrement accusé par ses détracteurs d’avoir opéré un virage autoritaire dans ce pays autrefois salué pour le dynamisme de sa démocratie.