D’après des statistiques établies par l’ITAV (Institut technique de l’arboriculture fruitière et de la vigne) de Takeriets, ville située à 60 km au sud de Béjaïa, «l’huile ne représente que 15 à 20% sur un quintal de fruits.
Or, la margine ou l’eau de végétation représente 55 à 60%. Quant au grignon, son taux est évalué de 25 à 30%», a indiqué le directeur par intérim, Saïbi Zahir. On déduit à travers ses données que plus de trois quarts du fruit de l’olivier sont gaspillés.
Ajoutons à cela la quantité de l’huile extraite et qui est rebutée, à cause de son taux d’acidité élevé, dépassant 3,6%. Celle-ci, dira notre interlocuteur, qui nous a reçus dans son bureau, «est classée par les professionnels dans la catégorie D, c’est une huile impropre à la consommation», précisant que «c’est d’ailleurs cette catégorie d’huile qu’on utilise pour la fabrication du savon», nous fait savoir M. Saïbi. «Il n’y a que les catégories A (extra-vierge de moins de 0,8% d’acidité), B (vierge de 2% d’acidité) et la catégorie C, une huile courante dont l’acidité varie entre 2 et 3,3% qui sont commercialisées quand elles sont bien conservées à l’abri de l‘air, du soleil et de la chaleur», insiste-t-il.
Quant à l’usage de la vieille huile d’olive en phytothérapie, il affirme catégoriquement «que celle-ci perd tous ses bienfaits nutritifs et curatifs après sa date de péremption. Son usage est nocif pour la santé.» «L’absence d’une usine de raffinage au pays qui permettra de réduire le taux d’acidité à ces huiles assez acidifiées nous fait perdre des quantités énormes d’huile», regrette-t-il. Premier dérivé de l’olive, la margine ou l’eau de végétation (amurej), si certains l’exploitent dans l’épandage pour la fertilisation des sols qui entourent les oliviers et les vignes, d’autres la déversent directement dans la nature. Ce qui conduit souvent à la pollution des oueds pendant la saison hivernale. On peut imaginer les dégâts écologiques qu’engendre le déversement d’importantes quantité de ce dérivé en un laps de temps dans les oueds, à savoir, entre décembre et janvier, au lieu de l’épandre proportionnellement (10 litres/m2) pour fertiliser les terres agricoles.
Deuxième dérivé, le grignon, qu’on en retrouve en grandes dunes, abandonné devant les huileries alors qu’il contient encore une petite quantité d’huile évaluée entre 5 et 10% et qu’on peut toujours extraire. D’ailleurs, c’est celle-ci, l’huile de grignon, mélangée à 50% avec une autre huile d’olive vierge que l’on retrouve sur les étalages des magasins à des prix moyennant 250 DA/litre. Ce sous-produit qu’on utilise pour les fritures, est malheureusement importé. «Comme autre usage, certains agriculteurs mélangent quelques quantités de ce grignon avec de la paille de blé ou d’orge pour enrichir leur aliment de bétail. Et d’autres le mélangent avec de la bouse des vaches pour en faire du compostage.
D’autres aussi l’utilisent comme un combustible pour se chauffer», rapporte-t-on. En dernier, les feuilles de l’olivier, on les abandonne totalement aux vents. Alors que leurs huiles essentielles extraites constituent une matière précieuse de base dans l’industrie des produits pharmaceutiques et esthétiques.