Baromètre de la Coface du 2e trimestre : «Risque d’un atterrissage brutal de l’économie mondiale»

23/06/2022 mis à jour: 03:36
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Dans son baromètre du deuxième trimestre, la Coface (Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur) affiche un constat pessimiste sur l’état de l’économie mondiale. La navigation en zone de turbulences risque de se poursuivre, avertissent les économistes du spécialiste de l’assurance et risques pays.

«L’atterrissage en douceur est toujours possible, mais il paraît de plus en plus improbable», affirme Jean-Christophe Caffet, économiste en chef de l’organisme d’assurance. «Quatre mois après le début des hostilités en Ukraine, un premier enseignement peut être tiré : le conflit, qui devrait durer, a déjà bouleversé l’équilibre géoéconomique mondial. A court terme, la guerre exacerbe les tensions dans un système de production déjà mis à mal par deux années de pandémie, et accroît le risque d’un atterrissage brutal de l’économie mondiale», note la Coface dans son baromètre.

Ce dernier souligne que le changement de ton des Banques centrales face à l’accélération de l’inflation a ressuscité la perspective d’une récession, notamment dans les économies avancées. La Coface a d’ailleurs revu à la baisse l’évaluation de 19 pays, dont 16 situés en Europe.

Le ralentissement de l’activité économique et le risque de stagflation se précisent, indique le baromètre. «Compte tenu de l’accélération de l’inflation, de la dégradation des anticipations des agents, du durcissement des conditions mondiales, l’activité au deuxième trimestre ne s’annonce pas beaucoup mieux dans les économies avancées, et nettement moins favorable dans les économies émergentes. S’il est trop tôt pour dire que l’économie mondiale est entrée dans un régime stagflationniste, les signaux vont dans ce sens», avertit la Coface.

Le contexte est toutefois favorable aux exportateurs de matières premières, et plus particulièrement de pétrole, d’ailleurs la révision des risques Coface a concerné le secteur de l’énergie des pays producteurs alors que les déclassements sectoriels ont porté sur le secteur de l’énergie dans les pays où les entreprises sont situées en aval de la chaîne de production, comme l’Europe.

Le risque est revu à la hausse également pour les industries dont la chaîne de valeur est énergivore dans leur processus de production, à l’exemple du papier, la chimie et les métaux. L’agroalimentaire est aussi un des secteurs qui connaît le plus grand déclassement ce trimestre, et ce, dans pratiquement toutes les régions du monde.

Les prix continueront dans leur tendance haussière, notamment pour les produits pharmaceutiques, car détenus par un petit nombre d’entreprises dominant le marché. «Ce que craignent les Banques centrales, c’est l’enclenchement de la boucle prix/salaire qui viendrait déclencher le mécanisme stagflationniste que l’on observe déjà à court terme. Cela se produit si le contexte du marché est favorable à des hausses de salaires et si les agents se désancrent. Une situation que l’on retrouve dans de nombreux pays», explique Jean-Christophe Caffet.

La Coface met en perspective trois scénarios possibles : stagflation, récession et atterrissage en douceur. «Notre scénario central suggère un ralentissement de l’activité au cours des 18 prochains mois, permettant une décélération progressive de l’inflation. Nos prévisions de croissance sont particulièrement mauvaises», indique la Coface en n’écartant aucun scénario. 

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