Le temps de la pause est terminé pour la banque centrale américaine (Fed) : elle devrait renouer cette semaine avec les hausses de taux, et procéder à un relèvement d’un quart de point, afin de s’assurer de faire ralentir l’inflation durablement. Les responsables de la Fed se réunissent mardi et mercredi.
«Si je devais parier, je dirais qu’ils augmenteront les taux de 25 points de base», soit un quart de point de pourcentage, a indiqué à l’AFP Joseph Gagnon, économiste au Peterson Institute for International Economics (PIIE) et ancien de la Fed.
Du côté des acteurs du marché, c’est aussi cette hypothèse qui fait la quasi-unanimité, selon l’évaluation de CME Group. La décision sera annoncée mercredi à 14h00 (18h00 GMT), par un communiqué qui sera suivi d’une conférence de presse du président de la Fed, Jerome Powell.
Les taux étaient à zéro pour stimuler l’économie pendant la crise du Covid, jusqu’en mars 2022, lorsque la Fed a commencé à les relever, face à une inflation au plus haut en plus de 40 ans.
Elle a procédé à dix hausses, avant de marquer une pause lors de sa dernière réunion, mi-juin, maintenant les taux dans la fourchette de 5,00 à 5,25%, afin de prendre le temps d’observer les effets de ces hausses, et d’éviter de faire plonger l’économie dans la récession.
Gregory Daco, chef économiste pour EY Parthenon, anticipe lui aussi un relèvement d’un quart de point, et pense qu’il s’agira du dernier: «cela marquera plus que probablement la fin d’un cycle de resserrement historique».
Il estime néanmoins que Jerome Powell se gardera bien d’être affirmatif sur la question, «la dernière chose que souhaitent les responsables (de la Fed), c’est que les marchés commencent à parier sur (...) des baisses de taux rapides en 2024, ce qui entraînerait des conditions financières plus souples et des risques à la hausse pour la demande et l’inflation».
L’économie est forte
L’objectif de ces hausses: ramener l’inflation dans les clous, c’est-à-dire autour de 2% sur un an. Celle-ci a fortement ralenti en juin, tombant à son plus bas niveau depuis mars 2021, 3,00% sur un an, selon l’indice CPI.
La Fed privilégie, elle, une autre mesure, l’indice PCE, dont les données pour juin seront publiées à la fin du mois, mais qui s’était établie en mai à 3,8% sur un an.
Joseph Gagnon estime, lui, que la Fed ne s’arrêtera pas en si bon chemin, et voit «plus de chances» que les taux soient relevés trois, voire quatre fois, d’un quart de point d’ici la fin de l’année.
En effet, «l’économie est si forte, le marché du travail est si fort, l’inflation est en baisse mais elle est encore assez loin de l’objectif. Et elle ralentit beaucoup plus lentement qu’ils ne l’avaient prédit», anticipe-t-il.
Mais la messe est loin d’être dite pour les actions futures de la Fed: «Nous avons eu un mois de bonnes nouvelles sur l’inflation. Et si nous en obtenons un ou deux de plus, je pourrais me tromper», a-t-il cependant reconnu.
Jerome Powell a répété ces dernières semaines que plusieurs hausses étaient envisagées, «au moins deux, possiblement d’affilée», avait-il assuré fin juin. Lors de la réunion de juin, la majorité des responsables de la Fed voyaient les taux grimper jusqu’à 5,50-5,75%.
Outre-Atlantique, la Banque centrale européenne (BCE), qui se réunira un jour après la Fed, est elle aussi déterminée à continuer à relever ses taux. Ces hausses rendent le crédit plus onéreux pour les ménages et les entreprises, et sont, ainsi, très efficaces pour décourager la consommation et l’investissement, et, donc, desserrer la pression sur les prix.
Mais leurs pleins effets mettent du temps à se faire sentir, et, à trop faire ralentir l’économie, peuvent la faire plonger dans la récession.