Autriche : le président émirati d'Interpol visé par une plainte pour «torture»

27/11/2023 mis à jour: 04:07
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Une plainte pour «torture » et «détention arbitraire» a été enregistrée en Autriche à l'encontre du président émirati d'Interpol, Ahmed Nasser al-Raisi, qui est attendu à Vienne pour l'assemblée générale de l'organisation internationale de police, a annoncé l'avocat de deux Britanniques.

«Nous espérons que les autorités autrichiennes vont enquêter sur ces graves allégations», a déclaré Me Rodney Dixon, cité dans un communiqué. La procédure s'appuie sur le principe de la «compétence universelle», permettant aux autorités d'engager des poursuites si le suspect se rend dans le pays.

Matthew Hedges, chercheur, et Ali Issa Ahmad, agent de sécurité, ont tous deux été arrêtés aux Émirats arabes unis en 2018 et 2019 respectivement.

Hedges, enseignant à l'université d'Exeter, avait été détenu pendant sept mois dans des conditions terrifiantes, principalement à l'isolement, avec des menaces de violence, avant d'être condamné à la prison à perpétuité pour espionnage en novembre 2018. Il a été gracié moins d'une semaine plus tard sous pression internationale.

Ahmad, fan de football, affirme avoir été arrêté pour avoir porté un maillot en soutien au Qatar lors de la Coupe d'Asie des nations. Il aurait subi des violences physiques pendant ses trois semaines de détention. Les deux hommes estiment qu'Ahmed Nasser al-Raisi, en tant qu'inspecteur général du ministère de l'Intérieur, porte une responsabilité dans leur sort.

La France, où le siège d'Interpol est basé, a ouvert une enquête en mars 2022 contre Ahmed Nasser al-Raisi pour «complicité de torture». Des actions pénales ont également été engagées en Norvège, Suède et Turquie. Sollicités, le parquet de Vienne et l'ambassade des Émirats arabes unis à Vienne n'ont pas répondu dans l'immédiat.

Ahmed Nasser al-Raisi a été élu à la tête d'Interpol en novembre 2021, une fonction essentiellement protocolaire, malgré les protestations d'organisations de défense des droits humains. La plainte déposée lundi inclut également le cas d'Ahmed Jaafar Mohamed Ali, un «dissident» de Bahreïn détenu depuis janvier 2022, condamné pour des «infractions liées au terrorisme» après avoir été arrêté en Serbie où il avait déposé une demande d'asile, en vertu d'une notice rouge d'Interpol, avant d'être extradé vers le royaume du Golfe.

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