La campagne de vaccination contre la grippe saisonnière connaît, comme chaque année, un fort engouement et un vrai succès. Les doses livrées aux pharmacies et aux unités de soins sont administrées et écoulées en quelques jours.
Deux millions d’unités ont été acquises à la fin du mois dernier et devront couvrir relativement la population vulnérable, les personnes âgées et les malades chroniques.
Cette opération intervenant au début de la période de froid est menée avec beaucoup de diligence et d’efficacité par les pharmaciens et les agents d’officine qui effectuent la vaccination sans exiger d’ordonnance mais ayant intégré, au fil de leur activité, le tableau médical global des personnes sollicitant l’injection. Les autorités sanitaires comme les citoyens concernés avalisent et adoptent cette procédure simplifiée qui permet d’atteindre un fort taux de couverture vaccinale, avant que l’agent pathogène ne commence sa course au sein de la population.
Cependant, ce qui est valable pour la campagne antigrippale, qui n’est jamais excessive, ne l’est pas pour d’autres services assurés dans les pharmacies. En dépit de la bonne intention et de la bienveillance des personnels des officines, la délivrance de certains médicaments, notamment les antibiotiques, sans avis médical, est porteur de réels risques sanitaires.
Le recours inconsidéré à l’automédication, signalé à travers le monde et contre lequel ont prévenu tous les spécialistes, n’a pas encore trouvé de solution et continue de produire ses effets extrêmement indésirables. L’un des rares professeurs qui se sont inscrits contre la thèse des «bactéries résistantes» verra sa posture scientifique fragilisée après l’échec patent du remède qu’il avait précocement annoncé contre la Covid-19. Les bactéries s’adaptent aux antibiotiques quand ces derniers sont utilisés de manière aléatoire, approximative et incomplète.
Ce n’est pas spécialement l’appât du gain qui motive les laboratoires dans leurs recherches continuelles pour mettre au point de nouveaux médicaments, de nouvelles synthèses chimiques. En plus de ne pas être «automatique», l’antibiotique doit être prescrit avec précision par le médecin traitant.
Au niveau des systèmes de santé les mieux développés, le médecin lui-même doit s’appuyer sur des analyses de laboratoire pour fixer la posologie ou renouveler une prescription d’antibiotiques ou autres. Des dégâts considérables peuvent être occasionnés si les contre-indications sont ignorées, créant ou aggravant une altération des fonctions vitales. Les autorités en charge du secteur n’ont jamais nommé ce problème, encore moins commencé à le prendre en charge.
Mais il est vrai que ce dossier implique de mettre à plat tout le système de santé ainsi que celui des assurances sociales, et les «mises à jour», avant qu’elles soient numériques, doivent concerner prioritairement et urgemment les mécanismes de remboursement des soins médicaux. L’on ne se rend chez le médecin qu’en urgence absolue, et pour une prise de sang que par exigence préopératoire.
Les montants sont presque intégralement supportés par le malade et la famille. L’actualisation des niveaux de remboursement des actes de biologie médicale et des consultations générales ou spécialisées n’a pas été mise à l’ordre du jour depuis de très nombreuses années.
L’équation est aussi simple que cela : le citoyen, qui cotise régulièrement à toutes les caisses, a besoin d’une véritable couverture sociale pour s’adresser à son médecin avant le pharmacien ou l’assistant de celui-ci. Les problèmes de santé publique ne sont pas toujours causés par de nouveaux virus provenant d’autres latitudes, mais par des fragilités sociales aussi bien chroniques que locales.