Sur Terre, il n’existe nul lieu plus électrique ! Trois cents nuits par an, des myriades d’éclairs embrasent le ciel, pile au même endroit.
Cet orage qui se répète sans fin a enflammé les imaginations. Et posé bien des questions. C’est un son et lumière dantesque. Presque chaque nuit, des décharges en rafale parent de reflets iridescents les eaux du lac de Maracaibo, à l’embouchure de la rivière Catatumbo, dans le nord-ouest du Venezuela. Ce feu d’artifice explose avec la quasi-régularité d’une horloge peu après le crépuscule et se poursuit neuf heures durant. À une cadence infernale : jusqu’à 28 coups de foudre par minute ! En 2014, le Livre Guinness des records a inscrit l’endroit comme site de «la plus forte concentration d’éclairs au monde», avec 250 impacts par kilomètre carré et par an, d’après la Nasa.
Visible à 400 km, ce phénomène a longtemps servi de balise aux navigateurs qui sillonnaient la mer des Caraïbes toute proche – d’où son surnom de «phare de Maracaibo». Des explorateurs, tels Vespucci et Humboldt, ont décrit cette anomalie électrique, mais sans pouvoir l’expliquer. Pour les Barí, l’un des peuples autochtones vivant dans la région, ces éclats de lumière sont l’œuvre de lucioles honorant le créateur. Yukpa et Wayúu, eux, y voient plutôt des messages envoyés par les esprits de leurs ancêtres…
Après bien des spéculations, les scientifiques ont tranché : les éclairs se déchaînent certains soirs, quand les vents poussent l’air chaud des Caraïbes à la rencontre du flux froid originaire des Andes cernant le lac. Une aubaine pour les chasseurs d’orages.