Les pénuries de médicaments au Royaume-Uni ont connu une augmentation significative au cours des deux dernières années, devenant une réalité de plus en plus difficile à gérer pour les pharmacies, les médecins et les patients, selon un rapport publié jeudi 18 avril.
Le rapport, réalisé par le Nuffield Trust, un centre de réflexion spécialisé sur la santé, révèle que le nombre de déclarations d'alertes concernant des pénuries imminentes de médicaments a doublé en trois ans, passant de 648 en 2020 à 1634 l'an dernier.
Mark Dayan, du Nuffield Trust, décrit cette situation comme "choquante", soulignant que de plus en plus de patients se voient informés par leur pharmacien que leur traitement n'est pas disponible, ne le sera peut-être pas rapidement, voire ne sera probablement pas disponible dans d'autres pharmacies à proximité.
Les pénuries de médicaments sont un problème récurrent dans de nombreux pays européens, exacerbé par la perturbation des chaînes d'approvisionnement due à la pandémie de Covid-19 et à l'inflation. Cependant, la situation au Royaume-Uni est particulièrement préoccupante, et elle a été exacerbée par le Brexit, note le rapport.
Le Brexit a considérablement affaibli la capacité du Royaume-Uni à faire face aux pénuries, en le privant de la collaboration européenne pour redéfinir les chaînes d'approvisionnement et pour mettre en place des mesures collectives de gestion des pénuries. Les médicaments circulent moins librement entre le Royaume-Uni et l'UE, et les autorités britanniques prennent généralement plus de temps que leurs homologues européens pour autoriser de nouveaux médicaments.
En conséquence, le gouvernement est contraint de recourir beaucoup plus souvent à un mécanisme financier permettant de payer des médicaments à des prix plus élevés, car les alternatives moins chères ne sont plus disponibles. Ce recours a augmenté de manière significative depuis 2016, avec un coût supplémentaire estimé à environ 220 millions de livres par mois entre septembre 2022 et septembre 2023.
Les experts appellent donc le gouvernement à revoir le système d'approvisionnement et à améliorer la communication avec les professionnels de la santé sur les alternatives disponibles en cas de pénurie. Le ministère de la Santé a réagi en soulignant que la grande majorité des médicaments sont facilement disponibles et que la plupart des problèmes d'approvisionnement ont été gérés sans heurt, avec une perturbation minimale pour les patients.