Le régime militaire au Niger a franchi une nouvelle étape dans sa rupture avec la France, en débaptisant ce mardi plusieurs lieux emblématiques de la capitale Niamey, qui portaient jusqu'alors des noms associés à l'histoire coloniale française. Ces changements symboliques s'inscrivent dans une démarche plus large d'affirmation de la souveraineté nigérienne et de rejet de l'influence de la France, ancienne puissance coloniale.
L'avenue Charles de Gaulle a été renommée « Avenue Djibo Bakary », en hommage à une figure nigérienne ayant soutenu l'indépendance du pays en 1960. Le monument aux morts des guerres mondiales a également été rebaptisé « Bubandey Batama », en hommage aux victimes civiles et militaires de la colonisation et des conflits ultérieurs. Un autre changement notable concerne la suppression du portrait du commandant français Parfait-Louis Monteil, remplacé par une plaque à l'effigie de Thomas Sankara, figure emblématique du panafricanisme.
En outre, la place de la Francophonie a été renommée « Place de l'Alliance des États du Sahel » (AES), un symbole de l'alliance entre le Niger, le Mali et le Burkina Faso, trois pays également dirigés par des régimes militaires ayant tourné le dos à la France après des coups d'État.
Ces décisions illustrent la volonté du régime de rompre définitivement avec l'héritage colonial et de réorienter les références nationales vers des figures et symboles africains. Elles interviennent alors que les relations avec la France se sont considérablement dégradées depuis le coup d'État du 26 juillet 2023, marquées par l'expulsion des troupes françaises et la fermeture du centre culturel franco-nigérien.
Ces initiatives ont été saluées par des acteurs panafricanistes, comme l'ONG Urgence panafricaniste, dont le leader, Kemi Seba, est un fervent critique de la présence française en Afrique. Seba, récemment déchu de sa nationalité française, a été arrêté à Paris, suscitant de nouvelles tensions entre la France et ses détracteurs africains.