Alors que les préparatifs ont commencé pour la campagne labours-semailles, dont le démarrage est prévu le 1er octobre prochain, le problème de la collecte de la production de la précédente saison continue à se poser avec acuité.
Les avertissements se sont portant multipliés dans ce sens du côté du ministère de l’Agriculture et du Développement rural (MADR). Les directions des services agricoles (DSA) sont plus que jamais appelées à miser sur les campagnes de sensibilisation pour encourager les céréaliculteurs à alimenter les coopératives des céréales et des légumes secs (CCLS).
En prévision du démarrage de la campagne labours-semailles 2024-2025, les réunions s’enchaînent au niveau du MADR pour réussir la saison, qui s’annonce prometteuse, surtout que de fortes précipitations ont été enregistrées dans toutes les régions du pays ces derniers jours. A cela s’ajoutent les préparatifs en cours et les orientations du gouvernement.
La feuille de route conjointe des services locaux et des partenaires du secteur pour garantir la réussite de la saison agricole est d’ailleurs en phase de finalisation. Il s’agit en effet d’éviter les erreurs de la précédente campagne, qui a connu, pour rappel, de nombreuses difficultés d’ordre organisationnel et qui a été caractérisée par une baisse de la pluviométrie.
Pour le département de Youcef Cherfa, il s’agit de réussir la nouvelle saison agricole et de concrétiser l’engagement commun de cultiver près de 3,7 millions d’hectares. Pour cela, 4,2 millions de tonnes de semences produites localement et approuvées par le Centre national de contrôle et de certification des semences et plants (CNCC) ont été mises à disposition des agriculteurs.
Pour la première fois, cette quantité de semences sera distribuée en fonction des spécificités de chaque wilaya et de la nature de ses terres agricoles.
Des instructions ont été données aux cadres du secteur, notamment pour la mise à disposition de la quantité de semences et d'engrais localement avant le début de la campagne labours-semailles et pour le contrôle des intrants et le respect du processus technique.
Réussir la saison
«Toutes les conditions sont réunies pour le lancement, sur de bonnes bases, de la nouvelle saison agricole, à travers laquelle nous comptons produire 1,645 millions de tonnes de blé dur, conformément aux orientations du président de la République et de son engagement à atteindre l’autosuffisance en blé dur et à ne plus recourir à son importation à compter de 2025», a assuré dans ce cadre le ministre de l’Agriculture devant les responsables du secteur lors d’une réunion d’évaluation tenue le 24 septembre. Le ministre a, par la même occasion, fait savoir que 1,17 million d’hectares ont été consacrés à la culture de l’orge, dans le but d’assurer une production locale répondant aux besoins nationaux pour ne plus recourir à son importation à compter de 2026.
Les défis sont à consentir dans ce sens. Idem pour les autres céréales, dont les niveaux de production pour la saison 2023/2024 ne sont pas encore connus. Le bilan n’étant pas encore finalisé au niveau du MADR. Mais, la récolte s’annonce plus importante que l’année dernière, selon les premières prévisions. Et ce, même si la collecte n’a pas toujours été au rendez-vous. Les céréaliculteurs n’ont pas joué le jeu et n’ont pas acheminé totalement leur production vers les coopératives de céréales et de légumes secs (CCLS) dans de nombreuses localités.
Ce qui risque de fausser le travail portant sur l’élaboration des données définitives sur la récolte céréalière 2023/2024. Ce qui expliquerait aussi ce retard dans l’élaboration du bilan de production. Cela pour dire que le problème de la collecte se pose avec acuité et que les directions des services agricoles (DSA) sont appelées à miser sur les campagnes de sensibilisation pour encourager les céréaliculteurs à alimenter les CCLS.
Des appels dans ce sens se sont multipliés depuis le début de la campagne moissons-battages, d’autant plus que les agriculteurs ont bénéficié gratuitement de semences et d’engrais la saison précédente suite à la sécheresse, sur décision du chef de l’Etat. Mais tout indique que le retour n’est pas positif du côté des céréaliculteurs, notamment pour ce qui est du blé dur, dont 80% de la production ne seraient pas intégrés dans les silos. M. Cherfa a encore réitéré son avertissement mardi, rappelant l’obligation de remettre les récoltes aux CCLS. Les producteurs qui ne se plieraient pas à cette règle encourent des poursuites judiciaires.
Autrement dit, le stockage illégal des céréales est introduit (ou le sera) dans le dispositif de lutte contre la spéculation, comme c’est le cas actuellement pour les autres produits de base (huile, pomme de terre…).