Attentat en Turquie : Le chef des forces kurdes de Syrie dément tout lien avec l’opération

28/10/2024 mis à jour: 14:07
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Le chef des forces dirigées par les Kurdes en Syrie, Mazloum Abdi, a démenti tout lien avec un récent attentat près d’Ankara, comme l’affirme la Turquie qui a mené des raids ayant fait 17 morts dans les zones autonomes kurdes dans le Nord-Est syrien.


Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a affirmé vendredi que les deux auteurs d’un attentat contre le siège des Industries de défense de Turquie près d’Ankara «se sont infiltrés» depuis la Syrie.


Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), en lutte armée contre les autorités turques depuis 1984, a revendiqué l’attaque qui a fait cinq morts, outre les deux assaillants, et 22 blessés. «La Turquie n’a aucune preuve soutenant ses allégations, et nous n’avons aucun lien avec l’attaque d’Ankara», a assuré à l’AFP Mazloum Abdi, chef des Forces démocratiques syriennes (FDS). «Nous avons ouvert une enquête, et je peux assurer qu’aucun des assaillants n’est entré en Turquie depuis le territoire syrien», a-t-il ajouté dans cet entretien réalisé tard samedi soir et diffusé hier. La Turquie a riposté à l'attentat en bombardant des «cibles du PKK» dans le nord de la Syrie et en Irak.

Selon Mazloum Abdi, les frappes sur le nord-est de la Syrie «ont fait 17 morts, dont deux militaires, le reste étant des civils».
L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), basé au Royaume-Uni mais qui dispose d’un vaste réseau de sources en Syrie, a affirmé qu’une centaine de frappes ont visé les territoires contrôlés par l’administration autonome kurde.

L’ONG a affirmé que des infrastructures civiles, dont des silos, des boulangeries, des centrales électriques et des installations pétrolières, outre des positions des forces kurdes, avaient été ciblées. La Turquie considère les Unités de protection du peuple kurde (YPG), qui dominent les FDS, comme une émanation du PKK qu’elle qualifie de «groupe terroriste». L’objectif de ces frappes «n’est pas simplement de riposter à ce qui s’est produit à Ankara (...) mais d’affaiblir l’administration autonome kurde pour l’annihiler et poussant les habitants à partir», a assuré M. Abdi. 

Selon le commandant des FDS, «l’Etat turc profite des évènements en cours au Moyen-Orient, l'attention se concentrant sur Ghaza, le Liban et l'attaque israélienne contre l’Iran, pour poursuivre ses attaques» contre les zones kurdes de Syrie. Il a assuré qu’il est ouvert au dialogue avec la Turquie pour désamorcer les tensions, mais il a exigé la fin des attaques d’Ankara qui, selon lui, pourraient s’élargir. «Nous sommes prêts à résoudre les problèmes avec la Turquie par le dialogue, mais pas sous la pression d’attaques», a-t-il souligné. Dans un pays morcelé par 12 ans de guerre, les FDS contrôlent une zone semi-autonome kurde où sont également déployées des forces américaines, plus gros contingent de la coalition internationale anti-djihadistes en Syrie.
 

Le responsable kurde a par ailleurs critiqué ses alliés américains pour avoir failli à protéger les forces kurdes, affirmant que la position de la coalition internationale anti-djihadiste est «faible».
Les forces kurdes jouissent de l’appui de Washington, également allié d’Ankara au sein de l’Otan. «Leur réponse n’est pas au niveau requis pour arrêter les attaques, et des pressions doivent être exercées sur la Turquie», a-t-il ajouté, affirmant que les frappes sur la Syrie «ne nous concernent pas seulement, mais affectent également leurs forces».

Le commandant des FDS a par ailleurs exprimé son inquiétude face aux prochaines élections américaines de novembre, estimant qu’une élection de Donald Trump pourrait affaiblir le soutien de Washington aux FDS. «En 2019, nous avons eu une expérience infructueuse avec l’administration du président américain Trump», a-t-il dit.
Ankara a lancé sa dernière offensive majeure en Syrie en octobre 2019, quand le président américain de l’époque, Donald Trump, a affirmé que les soldats américains avaient accompli leur mission en Syrie et se retireraient. «Mais nous sommes confiants que les Etats-Unis (...) prennent leurs décisions» sur la base de leurs «intérêts stratégiques» dans la région, a-t-il soutenu.

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