Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf, a indiqué, hier lors d’une conférence de presse au siège du ministère, que la reconnaissance par la France du plan d’autonomie au Sahara occidental a précipité les relations algéro-françaises dans une crise sans précédent.
S’exprimant devant un parterre de journalistes, Ahmed Attaf a souligné que l’Algérie a pris connaissance, le 13 juin, de la décision française. «En marge du sommet du G7 à Bari, en Italie, le 13 juin, le président français a informé le président de la République, Abdelmajid Tebboune, du soutien franc de (son) pays au plan d’autonomie», a-t-il déclaré. Dans une lettre rendue publique, avant-hier, par l’Elysée, Macron a écrit que «le présent et l’avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine».
En réaction, Alger a rappelé immédiatement son ambassadeur à Paris, Saïd Moussi, et réduit le niveau de sa représentation diplomatique en France. M. Attaf a fait savoir que Macron a, lors de son entrevue avec le président Tebboune, tenté de justifier sa démarche, avançant comme argument que celle-ci n’«est pas nouvelle et n’apporte rien de nouveau, et qu’elle n’est que le rappel d’une position antérieure que la France avait exprimée en 2007».
Restituant, point par point, ce qu’a dit Macron au président de la République, M. Attaf a révélé que le président français a souligné le fait que «cette démarche vise à contribuer à la relance de la voie politique pour le règlement du conflit du Sahara occidental». Macron a, par ailleurs, assuré que la France «reste fidèle à ses promesses et à ses engagements de soutenir les efforts du secrétaire général de l’ONU et de son envoyé personnel».
Lors de l’entrevue, en aparté, entre les deux chefs d’Etat, le président Tebboune a eu une réaction «ferme, résolue et précise», a affirmé le MAE, rapportant les propos tenus par le chef de l’Etat à l’endroit de son homologue français. «La réponse du président de la République était ferme, résolue et très précise, mettant l’accent sur le fait que la position française n’est pas une simple reproduction de ses positions précédentes», a-t-il indiqué. «Elle va bien au-delà, car elle se concentre sur l’exclusivité du plan d’autonomie comme base pour résoudre le conflit au Sahara occidental, et qu’elle reconnaît explicitement la soi-disant ‘‘marocanité du Sahara occidental’’», poursuit-il.
«La démarche française ne favorise pas une solution juste»
Pour le président de la République, la démarche française «ne peut en aucun cas contribuer à la relance du processus politique, mais ne fait qu’alimenter l’impasse dans laquelle le plan d’autonomie a plongé la question sahraouie depuis plus de dix-sept ans». Aussi, la démarche française «ne sert pas la paix au Sahara occidental, ni la recherche d’une solution pacifique au conflit». Dans son intervention, Ahmed Attaf est revenu sur la séquence qui a précédé la diffusion jeudi du communiqué du MAE. Les autorités françaises «nous ont informés, par le biais de notre ambassadeur à Paris, du contenu de la lettre que le président français avait l’intention d’adresser au roi du Maroc, en particulier le texte relatif à la question du Sahara occidental», a-t-il dit, ajoutant que «sur instruction des hautes autorités du pays, notre ambassadeur à Paris a exprimé aux autorités françaises la position algérienne sur cette démarche, en mettant en garde contre ses graves répercussions et conséquences».
Pour le MAE, une expression usitée s’applique à la démarche suivie par la France, il s’agit d’«un cadeau de celui qui ne possède pas à celui qui ne mérite pas». «Considérer le plan d’autonomie marocain comme la seule et unique solution à la question du Sahara occidental revient à écarter tout effort visant à trouver une solution alternative à cette question, conformément aux résolutions internationales, notamment celles du Conseil de sécurité à l’élaboration et à l’adoption desquelles la France a participé», a-t-il estimé, poursuivant : «La démarche française ne favorise pas une solution juste dans le cadre des résolutions de l’ONU. Elle ne favorise pas la paix et la sécurité dans la région.»
A une question d’un journaliste au sujet de la visite d’Etat du président de la République en France, à la mi-octobre, M. Attaf a eu cette réponse : «Cette question sera examinée à la lumière des conclusions que nous allons tirer.» L’Algérie prendra-t-elle des mesures à caractère commercial et économique en réponse à la position française, comme ce fut le cas avec l’Espagne en 2022 ? «Je préfère ne pas répondre à cette question ni donner des détails. Ce que je peux dire est que les mesures qui seront prises par l’Algérie s’inscriront dans le cadre d’un travail d’évaluation, par étapes», a-t-il souligné. M.Abdelkrim
L’assassinat de Haniyeh, «un acte terroriste lâche»
L’Algérie a condamné fermement l’assassinat, hier, d’Ismaïl Haniyeh, chef du bureau politique du mouvement de résistance palestinien Hamas, dans une frappe israélienne à Téhéran (Iran) en marge de sa participation à la cérémonie d’investiture du nouveau président iranien. Le ministre des Affaires étrangère, Ahmed Attaf, a condamné cet acte terrorise, à l’entame de la conférence de presse qu’il a animée au siège du ministère. «Nous sommes à un moment extrêmement dangereux et face à un tournant tragique suite à l’assassinat, à Téhéran, du chef du bureau politique du mouvement Hamas, Ismaïl Haniyeh. Nous condamnons fermement cet attentat terroriste lâche et abject commis par les forces d’occupation sionistes, qui continuent de fouler aux pieds les règles humanitaires, juridiques, politiques et morales les plus élémentaires», a-t-il dit. M. A.
«L’Algérie suit avec inquiétude ce qui se passe au Mali »
Le ministre des Affaires étrangères Ahmed Attaf, a affirmé, hier, que le règlement du conflit entre les frères au Mali ne saurait être militaire mais «uniquement politique». Répondant à une question lors d’une conférence de presse, M. Attaf a rappelé la teneur du communiqué officiel de l’Algérie suite à la dénonciation par le gouvernement malien de l’Accord de paix et de réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, dans lequel elle avait mis en garde contre un éventuel retour de la guerre civile dans ce pays frère. L’Algérie avait insisté dans ce communiqué sur trois données qu’elle juge encore «essentielles», notamment le fait que l’Accord de paix et de réconciliation signé à Alger en 2015 «a préservé la souveraineté et l’intégrité territoriale du Mali et l’unité nationale de ce pays frère», a-t-il rappelé. M. A.