L’expression est usée jusqu’à la corde, mais il convient de la convoquer quand l’état critique d’un secteur exige la mobilisation massive de moyens pour son redressement et sa relance. Un «Plan Marshall» pour le tourisme est une urgence aussi évidente que régulièrement, sinon soigneusement occultée.
Pourtant, les arguments d’une remise à l’ordre du jour vigoureuse de ce dossier sont nombreux : nécessité de diversification de l’économie, moteur de croissance par excellence, le tout dans un contexte national présentant des richesses naturelles et culturelles de notoriété mondiale. Un effort remarquable a été déployé ces derniers mois dans la promotion de la destination Algérie sur les plateformes internet, par l’entremise d’influenceurs nationaux et étrangers à forte audience et de grand talent, mais cela porte le risque, c’est le cas de le dire, d’une déconnexion des réalités du terrain.
Au-delà du retentissement et du succès «virtuels», il y a lieu de considérer l’état véritable du secteur, dans sa consistance physique et à travers tous les paramètres qui rendent possible une activité touristique dans les standards en vigueur dans les pays les plus compétitifs dans le domaine. Le premier chantier à entreprendre est de lever ce paradoxe qui frappe des régions entières, où l’attrait naturel jure avec l’état de délabrement, ou l’inexistence de l’infrastructure routière.
De nombreuses collectivités locales, susceptibles de devenir des pôles d’attraction touristique, peinent pour désenclaver des villages et réfectionner les accès aux lieux d’habitation. La modernisation des voies de communication et l’extension des réseaux de transport, préalables à tout projet de développement, requièrent un soutien franc de l’Etat à travers des programmes sectoriels d’envergure.
Le cœur de l’activité touristique est bien entendu le parc hôtelier. Sans un renforcement et une mise à niveau des structures d’accueil, l’option d’une relance véritable de ce secteur restera sujette à des incertitudes. Des investissements privés ont permis d’effectuer, dans de nombreuses villes du pays, des bonds significatifs en matière de structures hôtelières aux normes internationales.
Cependant, des régions à fort potentiel touristique demeurent suspendues à des plans de développement devant être pilotés et dotés par les instances centrales. C’est le cas à Tizi Ouzou qui a reçu, jeudi dernier, la visite du ministre du Tourisme.
Les plus importants hôtels de la région, tous publics, ont été inscrits depuis près d’une décennie dans un vaste projet de réhabilitation et de rénovation. Ils demeurent fermés et en travaux.
Le ministre a annoncé un nouveau coup d’accélérateur en coordination avec les autorités de wilaya, mais l’opinion locale craint que la série des reports des délais de livraison ne soit pas effectivement stoppée. En plus de différer les perspectives de relance de la vie économique à travers un rebond de l’activité touristique, le défaut de structures d’accueil sabordera automatiquement les chances de figurer parmi les villes qui abriteront les prochaines compétitions sportives continentales.
A la remise en service des unités hôtelières en cours de réhabilitation, l’autre grand dossier qui devra être examiné par les autorités en charge du secteur sera celui des zones d’expansion touristique. Balnéaires ou de montagne, elles ont été délimitées depuis des décennies sans connaître un début d’aménagement. Elles sont livrées aux constructions illicites ou à un tourisme désordonné, sans apport à la collectivité et portant atteinte à l’environnement.